for privé (écrits du)
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définition
1. L’expression « écriture du for privé » a été forgée par Madeleine Foisil dans l’ouvrage Histoire de la vie privée (P. Ariès, G. Duby (dir.), 1987) pour désigner les mémoires, journaux et livres de raison, selon les définitions qu’en donnaient les contemporains.
2. Jean-Pierre Bardet et François-Joseph Ruggiu ont repris cette expression sous la forme désormais consacrée en France d’écrits du for privé, dans le cadre d’un groupe de recherche qu’ils ont dirigé entre 2003 et 2014. Selon eux, cette catégorie d’écrits regroupe « les textes produits hors institutions, témoignant d'une prise de parole personnelle d'un individu, sur lui-même, les siens ou sa communauté » [voir en ligne] (http://ecritsduforprive.huma-num.fr/). Ces écrits n’ont ni visée littéraire, ni l’ambition d’être publiés. Selon J-P. Bardet et F-J. Ruggiu, ils rassemblent une très grande variété de genres dont le point commun tient à la subjectivité qui s’y donne à lire – à ce titre, cette catégorie regroupe principalement des écrits des périodes moderne et contemporaine. Elle recouvre toutefois des écrits qui tendent à se rapprocher des écrits du quotidien tels que les livres de raison ou livres de comptes, et d’autres qui s’en éloignent par leur dimension narrative et l’expression d’une subjectivité (mémoires, autobiographies et journaux de toute nature). Les correspondances, d’abord exclues des recherches du groupe pour des raisons pratiques, ont bien leur place dans cette catégorie.
3. Pour faire des écrits du for privé une catégorie d’étude, les historiens posent comme un préalable plusieurs oppositions : écrits publics / privés, littéraires / non-littéraires... Dans leur enquête parue en 2009, Christian Jouhaud, Dinah Ribard et Nicolas Schapira proposent de sortir de l’ « alternative opposant approche documentaire et approche littéraire des textes du passé » (p. 13) en mettant notamment en question l’idée que les écrits du for privé seraient, du fait de la condition sociale de leurs scripteurs, des sources plus transparentes et donc plus facilement mobilisables pour l’historien que ne l’est un poème par exemple. Enfin, la catégorie des écrits du for privé a été élaborée sans prendre en compte le fait que l’expression de la subjectivité pouvait se développer au sein d’écrits de natures différentes, y compris institutionnels et offici
Notices liées
Bibliographie
- FOISIL Madeleine, « L’écriture du for privé », dans BÄUML Franz H. et DUBY Georges (éd.), Histoire de la vie privée, vol. De la Renaissance aux Lumières, III vol., Paris, 1987, p. 319-357. | Zotero
- CASSAN Michel, BARDET Jean-Pierre et RUGGIU François-Joseph, Les écrits du for privé: objets matériels, objets édités: actes du colloque de Limoges, 17 et 18 novembre 2005, Limoges, 2007. | Zotero
- BARDET Jean-Pierre et RUGGIU François-Joseph, Au plus près du secret des cœurs? nouvelles lectures historiques des écrits du for privé [en Europe du XVIe au XVIIIe siècle], Paris, 2005. | Zotero
- BARDET Jean-Pierre et RUGGIU François-Joseph, Les écrits du for privé en France: de la fin du Moyen Âge à 1914, Paris, 2014. | Zotero
- BARDET Jean-Pierre et RUGGIU François-Joseph, « ecritsduforprive.huma-num.fr ». En ligne : <http://ecritsduforprive.huma-num.fr> | Zotero
- MOUYSSET Sylvie et BARDET Jean-Pierre, "Car c'est moy que je peins": écritures de soi, individu et liens sociaux: Europe, XVe-XXe siècle, Toulouse, 2010. | Zotero
- JOUHAUD Christian, RIBARD Dinah et SCHAPIRA Nicolas, Histoire, littérature, témoignage: écrire les malheurs du temps, Paris, 2009. | Zotero
- LILTI Antoine, « À la recherche du moi ? Les écrits à la première personne en France au XVIIIe siècle », dans PASTA Renato (éd.), Scritture dell’io tra publico e privato, Rome, 2009, p. 3-20. | Zotero