[Levée du cadavre d’un religieux jacobin dans les Vosges au col du Bonhomme en mai 1597]

  f° 1r

[Procès-verbal du vendredi 2 mai 1597 sur la levée d’un cadavre trouvé le 1er mai1]

Comme ainsy soit que le premier jour du p[rése]nt mois de may année présente mil cinq cens quattre vingtz et dix sept2, fut par Claudon Jean Gode et Jean Grégoire de ce lieu de La Croix3 trouvé en ung champ dict Le Franc Champ au dessus du village de cedict lieu, ung pour poinct de chamois4 tout ensanglanté et fort découppé ; et de ce par les susdicts en avoir donné advertissement au justicier de ladicte Croix qui leur ordonna de pour suivre la trace affin de pouvoir deshentir5 d’où ce procédoit ; lesquelz susnommez avec aultres s’en mirent en debvoir et trouvant une esclouée de chevaulx la suivirent qui les conduisa jusques sur la somitée d’une montagne en ung lieu dict Sur Respais, distant d’une bonne demye lieue dudict La Croix où ilz trouvarent ung homme asasiné et meurtri duquel ilz feirent rapport, laissant garde auprès d’icelluy pour le garder tant de jour que de nuict.

Et duquel meurtre en ayant entré en advertissement, honnorable homme François Petit Demenge, substitud de monsieur le procureur général de Lorraine à Sainct Diey, s’a icelluy ce jourd’huy deuxième jour dudict p[rése]nt mois et an susdict, transporté à l’asistance d’honn[ora]bles hommes Gabriel Ozelle et Marcx Lucker, maire et justicier pour Son Altesse, à ladicte Croix, ce que de mesme a esté faict de la part d’honn[ora]ble homme Blaise Claude Blaise, maire pour monseigneur le barron de Boppart, en cedict lieu de la Croix, assisté de Nicolas Clémenat son lieutenant et de Georgeon Demenge Hanri doien dudict seigneur audict lieu et à la p[rése]nce de moy tabellion juré soubzscript y appellé par lesdicts officiers qui tous ensemblement se sont acheminez sur la somité des montagnes proches dudict La Croix, signament sur ung hault dict Sur Respais ; où arrivans ont trouvés ung corps mort gisant le dos desoubz au fond d’ung vieu chemin distant du grand chemin environ six ou sept passées arrière, y trouvant gardes auprès qui l’avoient gardé la nuict, y mises et ordonnées par les maieures, tant de Sadicte Altesse que de mondict seigneur le barron.

Et estant ledict corps descouvert de certaines branches bois sappin qui le couvroient, mises par lesdictes gardes, a esté icelluy trouvé gésir le dos par terre, les bras estendu co[mm]e en croix, ayant à la main dextre ung gan en main avec l’ongle du poulce droict couppée ; et ung peu en arrier dudict corps et entre icelluy et du grand chemin de l’autre costé s’a trouvé trois gans, en l’ung desquelz y a le poulse doigt de la main dextre que son estez relevez et à la main senestre s’a aussy veu estre le poulse doigt couppé dans le gan, comme aussy l’autre doigt suivant pendant encor après ladicte main et sur le dos d’icelle deux coups de taille ; et sans pourpoinct, ayant les jambes ouvertes, botté et esperonnné, ayant ung hault de chausse de chamois jaulne et le visage couvert de son manteau et habitz fermez à son col, la poictrine et ventre descouverte, ayant douze coups tant d’estocques6 que de taille.

Ce veid7 luy a esté par les f° 1v susnommez officiers et leur asistance la face descouverte que s’a paru rouce avec une barbe blonde et courte, ayant les cheveux noir et assez long et au dessus de la teste une petitte coronne8, luy ayant esté osté par les mesmes officiers et asistance, ce que luy couvroit le chef et visage. Premier ung manteau drap noir avec ung pand blanc de religieux, le chapperon et robbe blanche, le tout de carisés9 de mesme couleurs, avec une hare, ung gorgerin vieulx, ung bonnet de nuict de toille blanche avec ung cordon de soie noire comme de nouvelle messe qu’il avoit à son col ; et retourné que led[i]t corps a esté, sans toutesfois luy avoir osté son hault de chausse, moing estre desboutté, s’a trouvé huict coup d’estocq au dos ; et au dessus de sa teste proche de la couronne ung coup de taille ; et du costé gauche ung au[tr]e coup de mesme qui prend dès l’oeil jusques au dessus de l’aureille ; oultre encor ung aultre coup au derrier de la teste avec ung coup d’estocq que luy perce la gorge10.

Et depuis tout ce que dessus a esté rendu ausdicts officiers par Laurentz Xevillemay11, doien de justicier à ladicte Croix, ung clef de cadenat pendue à ung petit cordon de soie rouge et ung petit curedent d’argent qu’il dict avoir prins au col dud[it] corps mort et une sainture couppée en deux, avec une paire de cousteaux y ayant ung cordon de soie violette, ung six deniers en pièce et ung trois deniers de mesme, avec ung blanc d’Allemagne qu’il trouva proche et joindant ledict corps mort ; et ce à la p[rése]nce de Mathis Fredemeiche qui par mesme moien trouva ung mouchoire toille blanche12.

Lequel corps premier et advant que le lever de terre a esté dict et protesté par ledict s[ieu]r substitud au nom de Son Altesse la levée d’icelluy ce faisoit au nom d’icelle pour estre sur le hault chemin et qu’en la prévosté de Sainct Diey les haults chemins appartiennent neuement à Sadicte Altesse en quelle seigneurie ce soit, combien qu’il n’ignore que monseigneur le barron de Boppart ne soit hault justicier, moien et bas, en ses terres et seigneuries13, signamment pour les deux tiers où ledit corps a esté trouvé et Sadicte Altesse pour l’autre tier, n’entendant en ce rien préjudicier à ses droics et auctoritez ; mais d’aultant que Sadicte Altesse est souverain et qu’il est porté par les nouvelles formalitez qu’au lieu où se trouvera diversité de s[eigneu]ries partiables avec Sadicte Altesse, il doibt estre préféré et nanti. Parquoy ledict s[ieu]r substitud a requis que les hardes dudict corps mort soient mises en dépos et garde du maire Gabriel Ozelle pour Sadicte Altesse en cedict lieu de La Croix, néantmoings par inventaire, ce que s’a faict, jusques à aultre ordonnance de monsieur le procur[eu]r général son maistre qu’il prétend jour après aultres advertir14. Où se trouvant honn[ora]ble homme Adrian Guerdon recepveur et chastelain en la terre et seigneurie de Taintru pour mondict seigneur le barron, a dict et protesté avoir de la confiscation15 s’il en eschiet pour les deux parts pour et au nom dudict seigneur son m[aist]re, demandant à moy dict tabellion copie du p[rése]nt procès verbal pour faire veoir audict seigneur son maistre.

Après touttes lesquelles protesta[ti]ons ainsy faictes, a ledict corps mort esté levé de terre et mis sur une charrette, menné et conduict sur la place du lieu de ladicte Croix où il a esté quelque peu de temps ; pendant quoy y sont arrivés très révérendissime et noble homme, sçavoir le s[ieu]r de Reynette, grand prévost de Sainct Diey, et le s[ieu]r François Fournier recepveur dud[it] S[ainc]t Diey, Raon et de ladicte Croix, lesquelz après avoir veu et visité led[it] corps asasiné, a led[it] s[ieu]r grand permis icelluy f° 2r estre inhumé en la cimetière de l’église de ladicte Croix, suivant laquelle permission a esté sur le champ ledict corps dépouillé du reste de ses habits, sçavoir d’une grecque de chamois jaulne, le bas de mesme, des jartières de soie noire, d’un callesson de toille blanche fine, d’ung bas sans pied avec des chausons de mesmes ; et depuis mis en ung tumbeau et conduict en terre s[ain]te où il repose en ladicte cimetière comme dict est.

Le contenu du p[rése]nt besongné ainsy faict et passé est pour plus grande vériffica[ti]on de ce que s’en a faict ; signé des seings manuelz desdits s[ieur]s substitudz et recepveur dud[it] s[ieu]r barron cy mis avec celluy du tabellion soubzsigné les an et jour advant dicts.

Demenge16, A. Chardon, de Dieuze.

  f° 1r

[Information faite sur le moment et sur place le 2 mai 159717]

Suivant la levée faicte ce jourd’huy deuxième de may mil cinq cens nonante sept par les s[ieu]rs substitud de mons[ieu]r le procu[reu]r général de Lorraine à S[ain]t Diey et d’Adrian Guerdon18 chastelain et recepveur de mons[ieu]r le barron de Boppart en ses terres et s[eigneu]ries de Taintru19, d’un corps trouvé mort, meurtry et tué, sur ung hault dict Sur Respais distant d’une demy de La Croix, ont pour de tant plus esclaircir le dit homicide perpétré, faict convenir par devant eulx les tesmoings cy après pour estre ouïs et examinez sur icelluy, la depposition d’ungs et ch[ac]un desquelz tesmoings après avoir presté le serment de dire vérité co[mm]e en tel cas est requis, sont estées rédigées par escript par le tabellion soubscript appellé en ceste part pour greffier comme s’ensuict.

Premier.

Claudon Jean Gode de La Croix aagé de XXXVI ans ou environ adjuré et examiné sur le faict advenu dudict homicide, a dict et déposé que mercredy dernier environ sur les six à sept heures du soir luy qui dépose s’en alloit à la chasse aux lièpvres avec ung nommé Jean Grégoire ayans ch[ac]un une harquebuse ; ilz rencontrarent trois hommes de chevals sur le hault chemin desoubre Mandra20 dict le chemin des Bareliers, qui s’en alloient du costé d’Allemagne, dont y avoit ung cheval gri, ung blanc et ung noir ayant les aureilles couppées, lesquelz ilz saluarent et passarent oultre ; dépose encor que le lendemain au matin estant assisté de sondict compagnon avec leurs harquebuses qui de mesme s’en alloient aux lièpvres et venu qu’ilz furent à la sortie du village dict au Franc Champ, trouvarent ung pourpoinct de chamois blanc doublé de toille blanche tout ensanglanté et découppé, ce que veu luy et son compagnon l’anoncirent aux officiers qui leurs ordonnarent de chercher le corps, ce qu’ilz firent à l’asistance de Laurentze Xevilleman et Mathis Freidenreich et suivarent certaine trace de chevaulx jusques Sur Rospais où ilz trouvarent ledict corps ainsy masacré auprès duquel y demeura les avandicts Jean Grégoire, Mathis et Laurentze pour en faire la garde et luy déposant s’en vint à La Croix et fit rapport au maire Gabriel dudict homicide ; et appercevant ung cheval gri en l’estable dudict maire, il luy dict : Monsieur le maire c’est là le cheval de l’ung des trois hommes que je rencontra hier du soir au chemin des Bareliers et est l’ung d’eulx qu’est tué sur Rospais ! Je le recongnois bien pour les avoir veu et est celluy qui estoit le premier ! que luy fut respondu par ledict maire qu’il n’en sçavoit rien ; bien qu’il y avoit eu deux hommes qui avoient couché chez luy et avoient trois chevaulx et luy avoient vendu l’ung sellé et bridé, au reste qu’il ne les congnoissoit ; et plus n’en dict. .

[2] Jean Grégoire aagé de XXX ans ou environ adjuré et enquis co[mm]e le précédent, dict sa dépo[siti]on contenir vérité saulf qu’il ne sçait rien du rapport faict au maire pour avoir demeuré auprès du corps21.

f° 1v Marion, femme à honn[este] ho[mm]e Gabriel Ozelle, maire pour Son Altesse aud[it] lieu de La Croix, aagée de L ans ou environ, enquise adjurée et examinée sur led[it] cas advenu, a dict et dépose que mercredi dernier au soir arriva en leur losgis environ les huict heures deux hommes ayans trois chevaulx, l’ung gri l’au[ltr]e blanc et le tierce noir, lesquelz pour son marit estre jà couché assez mal agrey22, les logea ; et losgez qu’ilz furent, ilz ne se firent aulcunement à congnoistre soit d’estre du païs ou aultrement, ne déclairant d’où ilz venoient ny alloient, sinon que l’ung d’eulx luy dict : Nous sommes lasse pour avoir parti au jourd’huy de Nancy23 ! et parfois se voians seulz, ilz parlementoient ensembles de langage à elle incongneu, encor qu’elle entende aulcunement la langue allemande24 ; bien s’aperceut que quand on venoit auprès d’eulx au pasle25 où ilz souppoient, l’ung se rendoit tacitte26 et l’autre parloit françois et disoit à elle qu’elle fisse relever son marit pour parler à eulx et qu’ilz luy vendroient ung cheval et que c’étoit celluy de leur serviteur qui s’avoit évadé de leur co[m]pagnie et dont ilz estoient bien maarit27 ; et qu’elle sur le champ fut dire à son marit qui ne voulut sortir du lict mais que le lendemain martin il parleroit à eulx ; ce qu’il fit et les trouva jà levé et prests à partir, où après quelques propos tenus ilz convindrent de marché avec led[it] son marit d’ung cheval gri enharniché, mais du prix elle n’en sçait rien pour n’y estre p[rése]nte.

Dict en oultre que pendant qu’ilz souppoient ilz avoient une bougette28 d’assé bonne grosseure proche l’ung d’eulx et de bonne pesanteure co[mm]e elle dict ; d’aultant que se voulant aseoir pour confabuler29 à eulx, luy fut impossible la remuer de la main ; et y avoit encor une valise velue30 beaucoup plus légière.

Dict de plus qu’elle remarqua que celluy qu’estoit le maistre est homme de moienne grandeur, replet et bien noury, n’ayant aulcune barbe ; et l’au[ltr]e non si grand ny homme replet ayant une barbe noire couppée courte qui se disoit serviteur de l’autre ; et de leur escot elle n’en sçait rien, d’aultant que par l’achapt du cheval son marit leur descompta en déduction du pris qu’il en paya ; et plus n’en sçait.

[4] Honneste homme Gabriel Ozelle, maire à La Croix pour Son Altesse, aagé de LXX ans ou environ, enquis et adjuré par le serment qui a à Dieu et à son office de dire la vérité, quelles gens losgearent en son losgis mercredi soir sur les huict heures et s’il ne sçait rien touchant led[it] homicide, a dict que pour estre couché le soir qu’ilz arrivarent il n’en sçait rien ny quelz propos ilz peurent tenir, force31 que ce que sa femme luy en dict.

Bien le lendemain de grand matin sur le poinct du jour luy estant levé, il fit marché avec ses deux personnes d’ung cheval grison pour le prix de trente six frans et deux frans qu’il donna à celluy qui se disoit serviteur pour son vin et leur deffalqua sur la somme principalle trois frans qu’ilz f° 2r avoient despencez n’aiant au surplus rien sceu tirer d’eulx32, soit de leur allée ny venue, saulf qu’ilz disoient qu’ilz venoient de chercher ung gentilhomme qu’à leur regret ilz ne trouvoient et s’en retournoient à Nancy.

[5] Nicolas Clément lieutenant de maire à La Croix pour le seigneur barron de Boppart aagé de XXXII ans ou environ enquis co[mm]e les précédentz, a dict que mercredi dernier environ sur les sept à huict heures du soir retournant du ban de Fraise assisté de Valentin Gaxatte de Clinchimont, ilz rencontrarent trois hommes de chevaulx, sçavoir ung gri, ung blanc et ung noir, lesquelz comme ilz les approcharent luy qui dépose et son co[m]pagnon les saluarent ; et estant oultre d’eulx, dict que celuy qu’estoit le premier monté sur le grison estoit homme d’église pour l’avoir recongnu à la saluta[ti]on, ostant son chapeau, pour estre corronné, et alloient du costé d’Allemagne ; de plus dict qu’ayant veu le cheval grison il sçait à la vérité que c’estoit sur lequel estoit monté celluy qui alloit devant ; mesme ayant veu le corps masacré, dict estre le mesme qu’alloit le premier des trois qu’il avoit rencontré.

Demenge, A. Chardon, de Dieuze.

  f° 1r

[Compte-rendu du prévôt de Saint-Dié au conseil du duc le mardi 6 mai 159733]

Monsieur, suyvant le noble mandem[ent] qu’il a pleu à S[on] A[ltesse] m’envoyer sur l’assasinat com[m]is jeudi dernier par Orasse et ses compagnonz sur les chaulme34 tirant au Bon Hom[m]e, à mon absence, com[m]e l’advertissem[ent] fut venu en ce lieu, le s[ieu]r substitud se transporta au lieu du meurtre et trouvé le corps fut conduict à La Croix et inhumé en terre saincte, com[m]e il vous plaira veoir par le procès verbal qui en est dressé cy joinct, avec l’informa[ti]on qu’en fut faicte.

Mais de pouvoir descouvrir si les deux domesticques y meirent la main, cela est impossible, d’autant qu’il n’y avoit personne p[rése]ns lors du meurtre com[m]is, combien qu’il fault tenir pour certain qu’il a esté perpétré par eulx, parce q[ue] le deffunct avoit des coups infini sur son corps ; joins q[ue] les deulx estant le soir à La Croix au giste, estoit fort triste et mélancolié, tremblant par fois35.

Au demeurant ilz luy ostarent une bougette qu’estoit bien pesante, avec une valise où il y avoit plusieurs l[ett]res et papiers qu’ilz bruslarent aud[it] La Croix ; quant aux hardes et habitz du mort, ilz sont si descouppé et trouez qu’ilz sont de peu de valeur ; que si l’on luy veult f[air]e chanter quelq[ue]s service, se seroit de trouver argent36 ; d’autant q[ue] le cheval q[ue] le défunct avoit fut vendu p[ar] les voleurs au maire de La Croix ; mesme qu’il y a heu des despendz faictz à la recherche et enterrem[ent] f° 1v du corps.

Qu’est tout ce de quoy il vous plaira advertir S[on] A[ltesse] afin d’y ordonner ses bon plaisir et po[u]r l’équité de Dieu et justice.

Je prieray le Créateur qu’il donne à Vous, monsieur, la santé bonne et très longue vie.

De S[ain]t Diey ce VI may.

V[ost]re très humble serviteur.

Lamance37.

[Procès fait à Nancy à Horace Semelle en mai 1597]

  f° 1r

[Information par les échevins de Nancy le lundi 5 mai 159738]

Informa[ti]on faicte par nous les eschevin et eschevins de Nancy ce jourd’huy cinquième may 1597 du meurtre co[mm]is en la p[er]sonne d’ung quidam jacobin39, Italien de nation, passant par ce pays et trouvé mort en la montag[n]e de Vosges dite Le Bon Homme et sur les tesmoings40 qui nous ont esté produictz de la part du s[ieu]r procu[reu]r g[é]n[ér]al41 a esté adjuré et interrogé comme s’ensuyt.

Et premier.

Ludovique de Bossé serviteur dud[it] défunct jacobin, aagé de XVII ans, natif de Milan, adjuré et enquis s’yl congnoit led[it] jacobin, d’où il estoit natif et de quel commerce il estoit, depuis quel temps il luy a faict venir ?

A dit qu’il estoit de Bourgongne de la compagnie du s[ieu]r Carles Desangle, cap[itai]ne d’une f° 1v compagnie de ch[evau]lx légiers po[u]r la p[er]sonne de Sa Majesté catholique, lors que monseigneur le cardinal d’Austriche42 y passa et lequel led[it] s[ieu]r Carles suyvit jusques au Pays Bas et luy qui respond demeuré en lad[ite] compagnie l’espace de deux ans ; et ayant rencontré le confesseur de lad[ite] compagnie nommé frère Joseph de Cardone de l’ordre de s[ain]t Dominiq[ue] qui se délibéroit de retourner en Italie, le suyvit et demeura en sa compagnie des j[ou]rs entiers et jusques à ce qu’il fut menacé et tué passant la montagne dit Le Bon Homme.

Qui sont ceulx qui l’ont ainsy menacey, volé et assassiné ?

A dit que le postillon de Sa[in]t Diey a dit qu’il ne sçait à la vérité qui ilz sont mais a bien opinion qu’il co[nn]oist ung nommé Orace dem[eurant] en ce lieu de Nancy et ung qu’il nommoit so[n] camerade appellé Guillelme pour ce f° 2r qu’ilz accompaignèrent led[it] jacobin son feu m[aist]re depuis Amence jusques à Raon et depuis Raon continuem[ent] leur chemin par ensemble jusques au Bon Homme où ilz dirent de vouloir gister ; mais comme il ne pouvoit suyvre sond[it] m[aist]re et les susnommez et que led[it] Orace luy conseilla de s’en venir après eulx, il ne les accompagna synon jusques à Raon ; mais passant par S[ain]t Diey et demandant sy l’on n’avoit point veu trois hommes à cheval il luy fut respondu qu’il y avoit une heure et demy qu’ilz estoient passé et s’en allèrent bien vistes ; que fut cause qu’il s’en alla couchey au second village que est delà S[ain]t Diey.

Et le lendemain continuant son chemin rencontra lesd[it]s Orace et Guillerme, lequel passa ou[t]re sans luy dire mot et led[i]t Guillerme l’ataquant luy dit : Ton m[aist]re a rencontré trois Espagnolz et ung Italien et ont print par ensemble la poste et s’en vont en Italie, tu ne les sçauroit restaindre, ilz ne séjourneront point à Basle ! Sy tu veulx retourner avec moy je te retiendray à mon service et je te mettray avec ung cap[itai]ne qui s’en va en Hongrie ! ; que fut la cause, joint qu’il n’avoit aucun argent po[u]r son retour en Italie, qu’il retourna avec led[i]t Guillerme ; et arrivant à S[ain]t Diey luy fut dit par le postillon dud[it] lieu qu’il avoit recongnut [des] hardes que feu led[it] jacobin portoit devant luy et il [tenoit] que po[u]r certain led[it] Orace et led[it] Guillerme l’avoient tué.

Dit aussy qu’estant chez led[it] Orace il recognut la dague de sond[it] feu f° 2v m[aist]re.

Et luy aiant monstré ung cachet d’argent et demandé s’il sçait à qui il appartenoit ?

A dit aussy tost que s’estoit le cachet dud[it] feu m[essi]re Joseph son m[aist]re.

Sy lors qu’il recognut lad[ite] dague il ne demanda point aud[it] Orace d’où il l’avoit heue ?

A dit qu’aiant demandé audit Orace, iceluy respondit que led[it] frère jacobin luy avoit donné à porter et qu’il avoit oublié de le luy redemander.

Et telle est sa dépo[siti]on qu’il n’a signé disant ne sçavoir escrire43.

Caspar.

  f° 1r

[Premier interrogatoire du prévenu Horace Semelle par les échevins de Nancy les 5 et 6 mai 1597]

Interrogatoires faictz par nous les m[aist]re eschevin et eschevins de Nancy ce jourd’huy cinquième may mil V C nonante sept à ung quidam trouvé ès prisons de la porte La Craffe44 prévenu de vol et assassinat, et y constitué à req[ues]te du s[ieu]r procureur g[é]n[ér]al dès le jo[u]r d’hyer, ausquelz il a respondu, ayant presté le serment de dire vérité comme s’ensuyt en p[rése]nce du tabellion soubscript appellé po[u]r greffier en l’absence du clerc juré.

Et premier.

Enquis de ses nom, aage, qualité, demeurance et lieu de sa naissance ?

A dict qu’il a nom Orace Sermel, aagé de vingt six ans ou environ, natif de Derthonne45 au duché de Milan et huyssier de chambre à madame la duchesse de Brunswich46.

Depuis quel temps il est au service de lad[ite] dame ?

A dict qu’il y peut avoir douze ans.

f° 1v S’il est marié, depuis quel temps et où est son domicile ordinaire ?

A dit qu’il y eut cinq ans à la S[ain]t Esprit dernière qu’il est marié et a pour femme Catherine fille de La Teinturière, vefve de feu Adrien Marcolot et a tousjours logé avec sa femme au logis de lad[ite] Teinturière sa belle mère.

Sy pendant qu’il a faict service à lad[ite] duchesse il a commis larcin, vol, assassin ou aultre malversa[ti]on d’où il en soit esté reprins ?

A dit que non.

Quelles sont donc les cau[s]es de son emprisonnement auquel il est constitué ?

A dict que mercredy dernier, comme estoit au logis de sad[ite] belle mère, ung n[omm]é Dominique Alpher47 cy devant sol[da]t en la compagnie du cap[itai]ne Gaulcher, f° 2r l’advertit qu’il y avoit ung jacobin qui venoit de la ville d’Amiens qui luy vouloit vendre ung cheval et qu’il estoit à présumer qu’il avoit avec luy bonne somme de deniers, ayant buttiné48 comme les a[utr]es ad prinse de lad[ite] ville et que falloit le conduire hors du pays, le dévaliser et piller ; aquoy ung nommé Guillelme Wolp[hus] p[rése]nt et qui logeoit avec led[it] Alpher chez lad[ite] Teinturière consentit et advoua ce conseil po[u]r bon mais luy qui respond n’y voulut consentir promptem[ent] ; tant estant p[er]suadé qu’il fut par les susnommés, délibéra de les suyvre et veoir quelle serait l’issue de ceste entreprinse ; ce faict ayant led[it] alpher aydé à vendre ung sien cheval aud[it] jacobin et sachant qu’il s’en alloit à Lunéville, le suyvirent et le trouvère[n]t en l’hostellerie à l’enseigne de L’Ours f° 2v et le lendemain disnèrent p[ar] ensemble au faubourg de Raon en l’hos[te]llerie du Lyon d’Or et ensemblement cheminèrent jusques à la nuict jusques à ce qu’ilz furent proche d’ung lieu appellé Le Bon Homme, qu’est ung bour fort long et grand ; et lors lesd[its] Alpher et Guillelme tuèrent led[it] jacobin hors du chemin, n’en plus sçait estant beaucoup arrière.

Led[it] Alpher luy donna ung coup d’espée ne sçait en quel endroit de son corps parce qu’il s’estoit retiré arrière, ne voulant advouer49 le meurtre estant délibérément fait.

Que devint le corps dud[it] jacobin ?

A dit qu’ilz le laissèrent là.

Qui print son cheval, son argent, ses papiers et habitz ?

A dict que led[it] Alpher print led[it] cheval par la bride et le mena jusques au village de La Croix où il feit vendre à leur hoste ; ne sçait comme l’on l’achetoit.

f° 3r Qui vendit led[it] cheval ?

A dict qu’il le vendit pour le prix de huict escus de quatre frans, ayant de ce faire charge desd[it]s Alpher et Guillelme.

Qui print les hardes, argent et habitz dud[it] défunct jacobin ?

A dit que se furent lesd[its] Alpher et Guillelme ses compaignons.

Quel partage ilz en feirent entre eulx, où ce fut et quelle part il en eust ?

A dict qu’estant de retour à Lunéville que fut le vendredy suyvant, led[it] Guillelme luy donna quatorze escus dans une bourse et une monstre po[u]r l’apporter à Nancy afin de la mieulx vendre et en vanter lad[ite] Teinturière son hostesse.

S’il n’eust aultre chose que lesd[its] quatorze escus, la bourse et la monstre ?

A dit que non.

f° 3v Remonstré qu’il se p[a]rjure et que les habitz dud[it] jacobin furent divisés et partagés entre eulx de sorte que le chapperon et la cappe noire luy vint en sa part et la moitié de blanc50 et partant qu’il advise de nous dire la vérité.

A dit que led[it] Guillelme luy donna led[it] chapperon pour l’apporter à Nancy et qu’il en vouloit faire faire ung bas de chausse et que sy led[it] chapperon n’estoit pas tant po[u]r faire led[it] bas de chausse il luy donneroit encor ung coppon de sarge blanche pour le faire teindre et c[on]former avec bas de chausse.

Depuis luy ayant remonstré qu’il se faisoit tort de nous cacher la vérité, attendu que led[it] Guillelme prisonnier qu’il a confessé librem[ent] que luy qui respond estoit coulpable comme luy du meurtre et assassinat commis aud[it] jacobin51.

A dit, ayant juré sur sa vie f° 4r les deux genoulx en terre, qu’il crioit mercy à Dieu, à Son Altesse et à justice et qu’il est vray il est participant et complice avec Guillelme à la mort dud[it] jacobin, nous priant d’effacer tous les articles cy devant pour estre plains de me[n]songe et qu’il estoit prest de nous dire la vérité ; et en ce faisant a dit que lesd[its] Alpher, Guillelme et luy qui respond complotèrent, estans par ensembles au logis de lad[ite] Teinturière, de tuer et voler led[it] jacobin ; et estans au Bon Homme led[it] Guillelme tira ung coup de pistolet aud[it] jacobin et led[it] Alpher Dominicque luy donna des coups d’espée et luy qui respond meit la main au cheval sur lequel led[it] jacobin estoit ; et estant ainsy saisy dud[it] cheval, de se charger de prendre le chemin vers La Croix où il fut suivy dud[it] Guillelme, ayant led[it] Alpher print son chemin f° 4v vers S[ain]te Marie aux Mines52 ; coucha avec led[it] Guillelme à lad[ite] Croix et le lendemain au lieu de Lunéville où luy feirent donné po[u]r sa part par led[it] Guillelme quatorze escus sol, une monstre d’orloge, ung chapperon noir et la cappe dud[it] jacobin et une portion de son habit blanc qu’il a recongnu estre celles que luy avons rep[rése]nté qu’estoient esté trouvées en son logis ; dit aussy que led[it] Guillelme luy donna plusieurs l[ett]res et missives escriptes en ydiomes53 latin, françois et italien que luy avons rep[rése]nté et esquelles il a recongnues ; et aussy ung cachet d’argent qu’a esté trouvé en son logis auquel y a une croix et au milieu ung escrisson54 dans lequel y a une aigle emprainte portante au milieu une teste et au dessus des quatre croisons ses armes escartlées.

f° 5r Plus avant n’a esté interrogé ; répété, a persisté ; n’a signé pour ne sçavoir escrire.

Caspar.

Du lendemain dud[it] jour sixième may 1597.

Led[it] prévenu de rechef adjuré a esté interrogé et enquis si partant de Nancy avec led[it] Guillelm ilz trouvèrent led[it] feu jacobin entre S[ain]t Nicolas et Lunéville ?

A dict qu’ouy.

Si l’alfère55 D[omi]nic[que] estoit avec eulx ?

A dict que non, et qu’il avoit parti de Nancy avant eulx pour se trouver à S[ain]t Diey et les devancer jusques à ce qu’il seroit parvenu à la montagne dit Le Bon Hom[m]e, lieu par eulx désigné pour voler et tuer led[it] feu jacobin.

Quelz propos ilz tindrent aud[it] jacobin lors qu’ilz le recontrairent entre Lunéville et S[ain]t Nicolas ?

A dict qu’ilz luy donnèrent le bon soir et demandèrent, signam[m]ent led[it] Guillelm, où il s’en alloit ; et ayant respondu f° 5v en Italie, luy fut réplicqué par led[it] Guillerm : Nous irons donc long temps de compagnie par ensemble !.

Où ilz rencontrairent led[it] alfère D[omi]nic[que] ?

A dict que led[it] alfère les devançoit tousjours d’un quart de lieue ou environ ; en fin led[it] Alfere les vint rencontrer à la montagne dicte le Bon Ho[m]me.

Quelz propos tint led[it] alfère à ceste rencontre ?

A dict que led[it] alfère ne tint aulcuns propos ains les ayant abordé mit la main au pistolet, en donna aud[it] jacobin, ne sçait en quel endroict de son corps pour ce qu’il qui respond courut au cheval et le saisit par la bride ; et led[it] Guillerm donna aud[it] jacobin à l’instant plusieurs coups d’espées jusques à ce qu’ilz l’eurent rendu mort ; ce faict il eust charge de s’en aller avec led[it] cheval droit à La Croix où sesd[i]tz compagnons le vindrent trouver ayantz despouillé et fouillé led[it] feu jacobin, auquel lieu led[it] cheval fut vendu com[m]e il nous confessa hyer.

f° 6r Si le corps dud[it] feu jacobin ne fut trainé par eulx en une fosse où il y avoit jà d’aultres corps morts56 ?

A dict qu’il ne fut employé à ce faire et ne sçait si ses compagnons le trainairent ou non en une fosse où jà il y eust d’aultres corps morts.

Si luy qui respond ne porta les hardes dud[it] jacobin depuis La Croix jusques à S[ain]t Diey ?

A dict que led[it] jacobin luy ayant donné ses hardes pour les porter sur la crouppe de son cheval, il les avoit encor lors qu’icelluy fut tué ; ainsy les apporta aud[it] S[ain]t Diey et depuis S[ain]t Diey le postillon les rapporta jusques à Lunéville.

Si un nom[m]é André d[e]m[euran]t aud[it] Lunéville, natif de Brunsvich57, estoit de leur complot et entreprinse et s’il participa au butin dud[it] feu jacobin ?

A dict que non ; et que led[it] Guillelm le pria seulement de luy garder les hardes qu’il avoit et qu’il les reprendroit à son retour de Nancy où il alloit avec luy qui f° 6v respond pour de là aller à la plein monstre des gens qui se lèvent pour aller en Hongrie.

Si led[it] André souppa ou disna avec eulx en allant ou au retour de leur entreprinse et quelz propos ilz tindrent par ensemble pendant leur repas ?

A dict que led[it] André fut par eulx appellé en passant par devant son logis pour venir soupper au logis où est la Poste et ne tindrent oncques propos de leur entreprinse ny de ce qu’ilz avoient faict, ains parlèrent avec luy de ce que l’on disoit de Brunsvich et des affaires que madame la duchesse leur maistresse a en ce quartier là.

Si led[it] Guillelm vint avec luy jusques à Nancy ?

A dict que non ; ains qu’il s’arresta à La Neufveville58.

Pourquoy il différa de passer oultre ?

A dict qu’il n’en sçait rien sinon qu’il disoit qu’il vouloit demeurer là pour son plaisir, le priant de luy envoyer le lendemain une paire de souliers qu’il avoit laissé en sa maison.

f° 7r Qui eust le pistolet et la dague dud[it] feu jacobin ?

A dict qu’eulx estant aud[it] Lunéville led[it] Guillelm remonstra aud[it] jacobin que puis qu’il estoit en Lor[rai]ne il estoit en assurance et qu’il n’avoit que faire de porter des armes et par telles persuasions led[it] jacobin donna sa dague à luy qui respond et son pistolet audit] Guillelm.

Si ce n’estoit à intention de le désarmer qu’ilz luy tindrent ces propos et pour de tant plus facilement mettre à exécution leur malin desseing ?

A dict qu’il croid que led[it] Guillelm tenoit telz propos à l’effect que dessus.

Quelz sont les meurtres, volz, larcins qu’il a com[m]is avec led[it] Guillelm ?

A dict que jamais il ne com[m]ist aultre malversa[ti]on ny crime que celluy qu’il nous a confessé et n’a eu la cognoissa[n]ce dud[it] Guillelm sinon qu’il vint par deçà avec la dame Véronne qu’est de la suite de madame la duchesse.

Si led[it] Guillelm a esté en la co[m]pagnie du cap[itai]ne Gaulcher ?

f° 7v A dict qu’il en a esté l’espace de deux ou trois mois.

Si pendant ce temps là il n’a eu intelligence avec luy pour descouvrir ceulx qui passoient d’Italie en Flandres et de Flandres en Italie par ce païs ?

A dict que non.

S’il n’a point desrobbé la monstre d’horloge de madame la duchesse et ses getz d’argent avec la bourse59 ?

A dict que non. .

Si à la chambre de monseigneur le marquis il n’a desrobbé la cruche et chandeliers d’argent et linceulx du lict ?

A dict que non ; et qu’il ne desrobba oncques à la cour ny ailleurs.

Si le jour des nopces de monseigneur de Vauldémont60 il ne se mit en debvoir de desrobber la bourse de S[ain]t Pierre, marchal des logis de Son Altesse, ayant mis à cest effect la main en sa pochette ?

A dict que non.

S’il n’a eu aultres choses de la despouille dudit] feu jacobin que ce qu’il nous confessa du jour d’hyer ?

f° 8r A dict que non.

Plus avant n’a esté interrogé ; répété, a persisté.

  f° 8r

[Ajout à l’interrogatoire]

(suite) Et depuis nous a dict qu’il avoit oblié de nous dire que du premier coup de pistolet que led[it] Alfer don[n]a aud[it] feu jacobin icelluy tomba à la renverse et en tombant disoit : In manus tuas d[omi]ne co[m]mendo spiritum meum61 ! et aussi tost qu’il fut tumbé luy qui respond print le cheval par la bride et led[it] Guillelm donna des coups d’espée aud[it] feu jacobin jusques à la mort.

Pourquoy lors qu’il fut appellé à son de tambour il se cacha aux cordeliers62 de ce lieu, en quelle maison il estoit au paravant et qui sont ceulx qui l’ont aydé à se cacher ?

A dict qu’estant adverti qu’on le cerchoit pour le mettre en prison il s’alla de luy mesme rendre aux cordeliers où il luy fut dict par deux jeusnes cordeliers de céans que le cap[itai]ne L’Abbé et le prévost le cercheoient et qu’il advisa de se cacher en leur estable, ce qu’il fit et coucha une nuict et y demeura jusques à ce qu’il y fut trouvé et appréhendé et f° 8v lesd[i]tz deux moines luy donnoient du pain et de la bière.

Rambouillet63.

  f° 8v

[Réquisitions du procureur général de Lorraine le 7 mai 1597]

(suite) Le procureur général de Lorraine soubscript qui a veu le présent procès extraordinairement faict par vous messieurs les m[aistr]e eschevin et eschevins de ce lieu de Nancy à Horace Sermel, huissier de chambre à madame la duchesse de Brunswick, détenu ès prisons de cest lieu pour cas de volz et brigandages dont il est prévenu, requiert qu’avant procéder à l’enc[on]tre de luy par sentence et jugement définitif il soit appliqué à la question ordinaire et extraordinaire et pendant icelle enquis bien particulièrement sur les desseins et complotz de celuy pour lequel il a esté appréhendé, si sa femme et belle mère en la maison de laquelle ilz ont esté prins64 en ont esté sachantes ou participantes ou bien quelques aultres qu’il n’ayt encor déclairé, s’il ne s’y en est faictz d’autres au paravant, s’il n’a pas espionné d’autres passans par ce lieu et en [attirés] dehors pour les faire assassiner et notam[men]t de ceux qui alloient ou venoient du Pays Bas et q[u’]estoye[n]t de sa langue, mesme si cest André avec lequel il banqueta dernièrement à Lunéville ne luy a esté complice en telz siens déportemens et généralement quelle a esté sa vie et ses comportemens, signamment depuis qu’il est résident en de lieu, pour65 ce qu’il en respondra rédigé en escript et la procédure com[m]uniqué y dire et requérir ce qu’il verra au cas ap[par]tenir.

Faict à Nancy le VII may 1597.

Remy.

  f° 1r

[Deuxième interrogatoire et sentence de condamnation à la question le 7 mai 159766]

Ce jourd’huy septième may 1597 avons faict comparoir par devant nous led[it] Horace Sermelle et l’ayantz de rechef adjuré et l’avons interrogé si aultres que ceulx qu’il nous a déclairé en son audition d’hyer et avant hyer ont sçeu leur deseing et entreprinse touchant l’assasin et meurtre com[m]is en la persone du feu jacobin ?

A dict que persone n’a esté de leur entreprinse que lesd[i]tz alfère Dominicq[ue] et Guillelm.

Si La Tainturière sa belle mère et sa fem[m]e n’ont eu co[m]munica[ti]on de ceste entreprinse ?

A dict que non et que jamais elles n’en eurent co[m]munica[ti]on et n’en sçeurent oncques rien.

Si à son retour dud[it] Bon Hom[m]e ayant apporté le chapperon de la cappe noire dud[it] défunct jacobin, il ne le donna à sa fem[m]e ou à sad[i]te belle mère, s’il ne fut point interrogé par elles ou aulcune d’elles d’où il luy venoit ?

A dict qu’il mit led[it] chapperon en son coffre sans advertir sad[i]te fem[m]e. .

D’où vient doncques d’icelle l’a délivré au s[ieu]r prévost de ce lieu ?

A dict qu’un serviteur du s[ieu]r comte Philippe Rheingraffe67 l’ayant venu trouver et le menaicé que s’il ne luy donnoit sept cent escus il avoit moien de luy faire un vacarme68, délivra le clef de sond[it] coffre à sad[i]te fem[m]e pour prendre en icelluy une bourse où estoient les quatorze escus dont il nous a faict mention par ses responses d’hyer et avant hyer pour don[n]er aud[it] serviteur et par ce moien sad[i]te fem[m]e trouva le chapperon dud[it] feu jacobin et une pièce de son aultre habit blanc.

f° 1v S’il a servy d’espion au cap[itai]ne Gaucher ou à aulcuns de ses soldatz, les advertissans de ceulx qui passoient des Pais Bas par deçà et retornoient en Italie ou Espagne ?

A dict qu’il ne fut oncques espion dud[it] Gaucher ny d’aultres.

S’il n’a desrobbé en la chambre de madame la duchesse et ailleurs en l’hostel de Son Alteze plusieurs hardes, com[m]e manteaux, monstre d’horloge, bourse et getz d’argent et aultres hardes ?

A dict qu’il ne desrobba oncques rien en l’hostel de Son Alteze.

Ce faict et voyantz sa pertinacité, en faisant droict aux conclusions du sieur procureur g[é]n[ér]al l’avons condamné sans préjudice du crime dont il se trouve jà convaincu, à estre appliqué à la question ordinaire et extraordinaire69 par l’exécuteur de haulte justice pour estre interrogé au destroict d’icelle de ses complices et sur aultres faicts résultantz dud[it] procès ; et à cest effect a esté délivré entre les mains de m[aist]res Cl[aude] Janné et Poirson Woirin70 exécuteurs de haulte justice au duché de Lor[rai]ne ; a esté par eulx déchaussé puis luy ont esté donnez les grésillons aux doigtz des piedz.

Sarré71 et interrogé de rechef qui sont ses complices et s’il n’a frappé led[it] feu jacobin ?

A dict qu’il n’a aultres complices que ceulx qu’il nous a déclairé en ses confessions d’hyer et avant hyer et qu’il n’a mis la main sur led[it] feu jacobin mais bien courut il au cheval d’icelluy aussy tost que le coup luy fut donné.

f° 2r Si André, natif de Brunsvich, dem[euran]t à Lunéville, n’est pas complice, s’il n’a sçeu leur entreprinse et participé à leur butin ?

A dict que non et que led[it] André n’en sçeut oncques rien et n’avoit aultres complices que lesdi]tz alfère Dominicque et Guillelm.

Luy ont esté lesd[i]tz grésillons ostez des piedz et donnez aux poulces ; sarrez bien fort et interrogé com[m]e dessus.

A dict qu’il n’a desrobbé aulcune chose en l’hostel de Son Alteze ny ailleurs.

Luy ont esté lesd[i]tz grésillons ostez puis despouillé du tout et couché en cheminse sur l’eschelle ; de rechef advisé et enquis de sesd[i]tz complices, vols et larcins.

A dict qu’il ne sçait aultre chose que ce qu’il nous a confessé en son audition.

Détiré et interrogé com[m]e dessus.

A dict qu’il ne fit jamais mal que ce qu’il nous a dict.

Détiré un tour et ce pendant interrogé com[m]e dessus ; s’a escrié : Ha mon Dieu, ha monsieur ! détiré encor un demi tour et interrogé, a persisté à dénier, s’escriant : Miséricorde ! sans pouvoir getter une seule larme ; relasché tout à coup72 et interrogé com[m]e dessus, n’a voulu dire aultre chose sinon : Ha monsieur, je ne fis jamais aultre chose que ce que je vous ay dit ! assis sur la selotte73 luy ont esté attachées aux deux piedz deux grosses pierres à ch[ac]un une, et interrogé com[m]e au paravant f° 2v a dict : Ha monsieur, je ne sçay aultre chose que ce que vous ay dit ! et nous estantz apperceu qu’il avoit une tumeur à la main droicte, luy avons demandé d’où elle luy procédoit.

A dict que de long temps il avoit lad[i]te tumeur sans nous vouloir dire d’où elle luy procédoit.

Elevé environ la haulteur d’un pied en forme d’astrapade74 et ce pendant interrogé com[m]e dessus, a dict : Monsieur, je vous ay dict la vérité, je ne vous sçauroit dire aultre chose !.

Luy a esté donné une secousse jusques en terre puis élevé environ la haulteur de pied et demy, secoué de rechef à grande force et retombé en terre à grand coup et interrogé com[m]e dessus, n’a voulu dire aultre chose, sinon : Ha mon Dieu, miséricorde, monsieur !.

A esté relasché et délié du tout, mis auprès du feu75, puis visité par m[aist]re Jacques Bruyères, chyrurgien d[e]m[euran]t en ce lieu, qui expressément appellé à ces fins, qui a certifié qu’il ne trouvoit aulcune rupture ny disloca[ti]on de membres sur le corps dud[it] prévenu ; bien auroient sesd[i]tz membres esté bien fort estenduz.

Ce faict, a esté de rechef led[it] prévenu interrogé com[m]e au paravant.

A dict qu’il ne sçavoit aultre chose que ce que porté en ses auditions d’hyer et avant hyer, lesquelles contiennent vérité.

A esté ordonné que le p[rése]nt procès verbal sera co[m]muniqué aud[it] s[ieu]r procureur g[é]n[ér]al pour y fornir ses conclusions définitisves.

Rambouillet.

  f° 3r

[Conclusions du procureur général de lorraine le 7 mai]

Le procureur général de Lorraine soubscript qui a veu le présent procès extraordinairement instruict par vous messieurs les m[aist]re eschevin et eschevins de ce lieu de Nancy à l’encontre de Horace Sermelle prisonnier accusé de vol, d’assasinat et destroussement, sçavoir l’information de ce faicte, interrogatoires, confessions, dénégations et variations avec le procès verbal de la question à luy donnée ce jourd’huy, maintient qu’il est suffisamment attainct et convaincu et par la recognoissance mesme qu’il en a volontairement faicte, d’avoir comploté et machiné avec deux siens complices et en sa maison de ce dict lieu de suyvre ung certain religieux de sa nation jusqu’aux montagnes de Vosges et là l’assasiner, voler et piller comme de faict ilz l’ont assassiné, volé et pillé jusqu’à son habitz de religieux, de partie desquelz il a esté trouvé saisy ; acte d’autant plus détestable qu’il a esté commis sur une personne de telle qualité qu’estoit ledict religieux et sur ung sien patriot qu’il simuloit accompagner en son voyage par courtoisie et bienveilla[n]ce76. Pour réparation de quoy tend et conclud à ce qu’il soit condamné à estre exposé au carcan de cedict lieu à la veue du peuple pour quelque temps, de là conduict en la place du Change77, couché et esttendu sur une roue qui y sera pource dressée puis rompu et brisé ès deux endroictz de chascun de ses quatres membres et ce faict promptement estranglé pour y demeurer en cest estat jusque sur les quatre heures du soir qu’il debvra estre porté au pasquis qui est du costé du pont et là estre eslevé78 en spectacle aux passans à la terreur des meschans, ses biens déclarés acquis et confisqués à qui il appartiendra, les frais de justice raisonnables sur iceulx préalablement prins.

Faict à Nancy le septième may 1597.

Remy.

  f° 1r

[Audition de la belle-mère et de l’épouse par le prévôt de Nancy le 7 mai 159779]

Interrogatz faict par le prévost de Nancy à Catherine vefve de fut Marcollat, vivant tincturier, et Catherine de La Haye sa fille80, femme à Orace Semelle et les responces rédigées par escript, le serment d’icelles prins en tel cas accoustumé comme s’ensuict ce jourd’huy septième jour de may 1597.

[1] Ladicte Catherine vefve enquise quelle jour ce fut que led[it] Orrace son gendre se partist de cest ville avec deux Italiens nommez l’ung Guillelme et l’aultre Lalfé Dominicque81, lesquelz estoient logez ensembles en son logis, pour aller après le jacoppin qu’ilz ont tué et s’ilz partirent tous trois ensembles ?

A dict que le mardy vingtneufième d’apvril dernier led[it] Orrace son gendre et ledict Guillelme s’en allèrent au champ, sans sçavoir elle qui dépose en quel lieu ny pour quelles affaires ; et ne retournarent du depuis sçavoir led[it] Guillelme, qu’elle n’a jamais veu depuis, seullement led[it] Orrace son gendre qui fut de retour le vendredy suivant environ les cinq heures du soir qu’il arriva en son logis seul. .

Interrogée que devient ledict Alfer, s’il ne ce partiste aussi avec les susd[its] Orrace et Guillelme ?

A dict que led[it] Alfer n’est party de ceste ville pendant le temps que lesd[its] Orrace et Guillelme estoient au champs ; du moins il a tousjours couché et mangé en son logis depuis le jour de leur partement si dessus jusques à sabmedy dernier troizième du p[rése]nt mois de maye que led[it] Alfer se partist de son logis et s’en alla sans luy rien dire ni paier ce qu’il debvoit de reste et ne l’a veu depuis ; plus avant n’a esté interrogée. .

[2] Ladicte Catherine cy dessus fille d’elle qui a déposé et femme aud[it] Orrace, interrogée à quel jour que son marit se partist avec les susd[its] Guillelm et Alfer pour aller après le jacopin qu’ilz ont faict mourir et s’ilz partirent tous trois ensembles ?

A dicte que le mardy vingtneufième d’apvril dernier son mary et f° 1v ledict Guillelme s’en allèrent sur l’après disner sans voulloir dire à elle quy despose, le demandant à son marit, où ilz alloient ; et ne le vist après led[it] jour qu’ilz se partirent led[it] Guillelme mais bien sondict mary, lequel retourna vendredy dernier environ les cinq à six heures du soir seul.

Et quand à Lalfer a dicte qu’il ne c’est party de cest ville pendant l’absence de sondict marit parce qu’il a tousjours couché et mangé en leur logis depuis led[it] mardy troizième jusques à sabmedy suivant que led[it] Alfer se partist dès le matin.

Bien se souvient elle que le mercredy dernier dud[it] mois d’apvril qui estoit le landemain du partement desd[its] son marict et Guillelme, il y vint sur les cinq heures du matin ung Italien, nommé Francisque Bossé, parler aud[it] alfer Dominicque qui n’estoit encor hors du lict mais ne tarda guière à sortir et par après led[it] alfer Dominicque l’alla trouver ne sçait où. .

Sy elle congnoist led[it] Francisque Bossé et où il estoit logé ?

A dicte qu’elle ne le congnoist aultrement ; sinon qu’il hantoit avec led[it] son marit et Guillelme et estoit des gens de la suitte de l’embassadeur de l’Empereur ; et estoit logé au logis de La Grand’Françoise et ne sçait aultre chose ; plus avant n’a esté interrogée.

Faict à Nancy les an et jour d’aultre part par moy tabellion soubscript.

Pelletier.

  f° 1v

[Confrontation d’Horace Sermelle avec sa belle-mère le jeudi 8 mai 159782]

(suite) Et le lendemain dud[it] jour led[it] Horace adjuré et bien sévèrement admonesté de dire si l’alfère D[omi]nic[que] qu’il a dict avoir assisté au meurtre dud[it] feu jacobin y estoit en person[n]e pour ce que nous sommes advertis, mesme par La Tainturière belle f° 2r mère de luy prévenu, que le jour que luy et led[it] Guillelme partirent de ce lieu que fut le mardy, led[it] alfère D[omi]nic[que] coucha en la maison de sad[i]te belle mère et le jour suivant jusques au sabmedy suivant qu’il partit de Nancy ; mesmes qu’il a esté veu par la ville par plusieurs gens d’authorité et dont nous som[m]es suffisam[ment] advertiz.

A dict qu’à la vérité led[it] alfer estoit de leur entreprinse et avoit esté avec eulx com[m]e il nous a dict cy devant ; mais confronté qu’il a esté à sad[ite] belle mère, a confessé que led[it] alfère n’avoit assisté ny com[m]is le meurtre dont est question, combien à la vérité il ayt esté de leur entreprinse et y en envoya un aultre en sa place.

Sy à son retour il trouva led[it] alfère en la maison de sad[i]te belle mère et s’il luy racompta qu’elle avoit esté l’issue de leur entreprinse ?

A dict qu’il trouva led[it] alfère encor chez sad[i]te belle mère mais ne luy parla aulcunem[ent] du meurtre par eulx com[m]is.

Remonstré qu’il se parjure pour ce que si led[it] alfère fut esté de leur entreprinse il eust participé au butin dud[it] feu jacobin et se fut esté par luy respondant adverti qu’elle avoit esté l’issue de leurd[i]te entreprinse ; partant qu’il advise de nous dire sur ce la vérité.

A dict que c’est chose véritable que led[it] alfère fut de leur entreprinse et qu’il envoya en sa place un jeune hom[m]e italien de nation, duquel il ne sçait le nom ny demeurance ; et ne l’a remarqué aultrem[ent] sinon que la barbe luy com[m]enceoit à poindre et l’a veu parmy ceste ville de Nancy quelques quinze jours au paravant.

Rambouillet.

  f° 3r

[Sentence des échevins de Nancy le 8 mai 1597]

(suite) Veue la procédure extraordinairement instruicte par nous les m[aist]re eschevin et eschevins de Nancy à req[ues]te du sieur procureur g[é]n[ér]al de Lor[rai]ne à l’encontre d’Horace Sermelle prisonnier accusé de vol, assassinat et destroussement, sçavoir l’information de ce faicte, interrogatoires, confessions, dénégations et variations avec le procès verbal de la question à luy donnée le jour d’hyer et conclusions définitisves dud[i]t s[ieu]r procureur dud[it] jour et tout ce que faisoit à veoir et considérer en lad[i]te procédure, disent que par icelles led[i]t prévenu est suffisam[m]ent attainct f° 3v et convaincu par sa propre recognoissance et confession volontaire d’avoir comploté et machiné avec deux siens complices et en sa maison de ced[i]t lieu de suivre un certain religieulx de sa nation jusques aux montaignes de Vosges et là l’assassiner, voler et piller com[m]e de faict ilz l’ont assassiné, volé et pillé jusques à ses habitz de religieux, de partie desquelz il a esté trouvé saisy. Pour répara[ti]on dequoy avons condamné et condamnons led[i]t Horace Sermelle prévenu à estre exposé au carcan de ced[i]t lieu à la veue du peuple pour quelque temps, de là conduict en la place du Change couché et estendu sur une roue pour ce expressément dressée puis rompu et brisé ez deux endroictz de chacun desd[it]s quatre membres et ce faict promptement estranglé pour y demeurer en ceste stat sur les quatre heures du soir qu’il sera porté au pasquis qui est du costé du pont de Marzéville83 pour là estre eslevé en spectacle aux passans à la terreur des meschans, ses biens déclairez acquis et confisquez à cui il appartiendra, les fraiz de justice raisonnables sur iceulx préalablement prins par n[ost]re sentence et jugement définitif et à droict.

Prononcé en l’auditoire du Change84 de Nancy en p[rése]nce dud[it] prévenu le huictième may 1597.

Rambouillet.

  f° 3r

[Interrogatoire complémentaire le 8 mai 1597]

(suite)85 Et depuis nous a esté rapporté le procès verbal de la treuve du corps dud[it] défunct jacobin et certaines informa[ti]ons faictes à req[ues]te du substitut du s[ieu]r procureur g[é]n[ér]al de Lor[rai]ne à S[ain]t Diey et par ce moien cognu que ceulx qui avoient massacré led[it] défunct n’estoient que deux en nombre et non trois f° 3v com[m]e il nous a dict et déclairé par son audition ; mesme qu’il a esté treuvé qu’aulcun coup de pistolet soit esté donné aud[it] défunct ; et ainsy sur le tout enquis et interrogé led[it] prévenu.

A dict qu’il est vray que luy et Guillelm seuls ont massacré et assasiné led[it] défunct jacobin et qu’à la vérité il luy voulut tirer un coup d’escoupette mais lad[i]te escoupette faillit à feu et estoit celle mesme dud[it] feu jacobin ; que sur led[it] corps ilz donnèrent plusieurs coups d’espée, luy prévenu deux et les aultres par led[it] Guillelm ; qu’en la petite pougette qu’il avoit il ne fut trouvé que trante ou trante deux escutz, trois petitz libvres, une paire de pantoufles et deux paires de soulliers ; qu’ilz ne bruslèrent aulcunes l[ett]res trouvées sur led[it] défunct ains les apporta en ce lieu.

Interrogé si led[it] alfère leur donna advis et conseil de dévaliser et tuer led[it] défunct ?

A dict qu’ouy ; et qu’il leur dict peu après le partement dud[i]t jacobin de Nancy qu’ilz allassent après luy et qu’ilz fissent ce qu’il leur avoit dict et que luy demeura à Nancy, ce qu’il fit.

Et sur aultres charges interrogé ?

A dict n’avoir faict aultre chose que ce qu’il nous a dict en son audition.

Rambouillet.

 

[Droits du prévôt]

Je soussigné prévost de Nancy confessse avoir receu du s[ieu]r Cleray receveur dud[it] Nancy le semestre, sept frans et demy et ce pour mon droit d’exécu[ti]on du p[rése]nt procès86.

Partant luy en portes quitte envers qui il appartiendra.

Thellier.

  f° 1r

[Frais de l’emprisonnement]

En présence du tabellion soubsigné comparut sergent en la prévosté de Nancy et a confessé avoir heu et receu du s[ieu]r Anthonin de May recepveur de Nancy cinq gros po[u]r la nourriture de cinq journées qu’ung nommé Orace Sermel a faict en prison par l’espace de cinq jo[u]rs qu’est à raison d’un gros p[ar] jo[u]r, lequel Orace avoit esté rompu sur une roue en la grande place87 de Nancy p[ar] le m[aist]re exécuteur de haulte justice pour avoir adsisté au meurtre d’un jacobin s’en retournant en Italie desquels cinq gros il s’estime contant et aprouvés en tout et quicte led[it] s[ieu]r recepveur contre et envers qui il appartiendra. En tesmoing dequoy j’ay signé cestes ce dixiè[m]e may 159788.

Marchant.

  f° 1r

[Compte fait entre le bourreau et un fournisseur]

Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 7319.

Déclaration de la besongne qui a esté faicte pour l’eschaffaulx pour exécuter Arras...89. Et premier. Avoir fait trois chevallot de sappien de ch[ac]un quienze piedz de longueur, y avoir employé deux paine de sappien de chaschune trante pied de loing tant pour les trois chevallot que pour les poitiaux que l’on a boutez la roue dessus à raison de ch[ac]un paine vingt gros, pource icy : III fr. IIII gr. III fr.90.

Ancores douze traffèces de sapien de ch[ac]un douze pied de loing à raison de trois gros et demy pièces, pour ce icy : III fr. III fr.

Ancores ung carteron91 de planche de sapien qui a esté employé sur led[it] eschaffaulx de douze pied de loing, pource icy : VII fr. VI fr.

Ancore ung san de double cloux que led[it] Anthoine Jean a fourny pour fasson de ladicte besogne, icy : IIII fr. III fr.VI gr.

Pour avoir fournit le pand fer et demy sur la roue92 pour le mesme faict dictes dessus par moy Claude Ambroin marchal dud[it] à la Vielle93, pource icy : VIII fr. V fr VI gr.

Pour avoir fournict la roue pour le mesme faict et avoir fournict trois grand banon et huict de petites, icy : VI fr. V fr. VI gr. .

S[omm]e XXVI fr. VI gr.

Celle partie monte à la somme de vingt six frans six gros pour l’eschaffaulx qui a esté faict par Demenge Rouland charpentier dem[eurant] à Nancy au p[rése]nt moys en ce lieu po[u]r l’exécu[ti]on de fut Orace dem[eurant] en ce lieu f° 1v exécuté p[ar] moi sur une roue en la place aud[it] Le Change….

Le dixhuicti[èm]e de mai mil cinq cens quattre vingtz dix sept.

George.

.

[Procès fait à Saint-Dié à Guillelme Volphus en juin 159794]

  f° 1r

[Lettre du 1er juin 1597 demandant la livraison du prévenu à la justice ducale95]

Monsieur le baron, nous avons receu advertissement que Guillerme Volppe complice à feu Horace Sermelle naguères exécuté par la roue en ce lieu pour le vol et assassin par luy commis en la personne de feu frère Joseph de Cardone de l’ordre de saint Dominic96 en la montagne du Bon Homme, ressort de la prévosté de Sainct Diey, est prisonnier entre les mains de vo[str]e lieutenant et parce qu’il appartient à Son Alteze d’asseurer les chemins de ses pays et faire en sorte que les estrangers y puissent passer seurement, conséquement nécessaire de faire chastier à exemple d’aultres ceulx qui attenteront au contraire, nous vous prions en faveur de justice envoyer seurement ledict Guillaume ez main du prévost dud[it] Sainct Diey jusques à lad[it]e montagne du Bon homme où ledict prévost le recevra pour en faire selon qu’il se trouvera convenable à justice. Nous voulons espérer de vous que le respect de Sadicte Alteze et du bien publicque vous induira facilement à ne nous esconduire ceste prière sy raisonnable et en ceste espérance nous prions Dieu, monsieur le baron, qu’il vous treuve en ses sainctes grâces, nous recommandantz bien affectueusement aux v[ost]res ; de Nancy le premier de juin 1597.

Voz bons amys les gens du conseil de monseigneur le duc de Lorraine estably à Nancy pendant son absence aux bains de Plombière.

Rambouillet.

  f° 1r

[Lettre au prévôt de Saint-Dié97]

Monsieur le prévost j’ay veu le contenu de celles qu’escripviez à M. le Baron de Baupart mon cousin98 et vous diray que le prisonnier ne vous peult estre délibvré au pied de la montaigne du Bonne Homme com[m]e faict mention par les v[ost]res, d’aultant que passant par la jurisdiction de l’Empire invocquant le droict d’iceluy qui se dit Kaisers Recht99 on y pouroit mectre empeschement ; qui m’at occasionné vous l’envoier droit a S[ain]t Diey où j’espère que ne ferez refues l’y recebvoir ; sy contre mon espérance toutesfois vous en faicte quelque difficulté, j’ay commandé à ce porteur se mectre en une hostellerie avec sa troppe à voz despens jusques à ce qu’on soies adverties et qu’aucun en soit ordonné, m’assurant que ne les mectrez en ceste peine, je demeureray v[ostr]e plus affectionné amys.

de Haraucourt, de Bennefeld100.

Vous ferez traicter ce porteur et ses compaignons au despends de qui il appartient, à Benfeld ce 3 juin 97101.

  f° 1r

[Interrogatoire de Guillelme Volphus le 21 juin 1597102]

Ce jour d’huy vingt ungniesme juin mil cinq cens quattre vingt et dix sept le prévost de Saint Diey soubscript s’est transporté à la court de Son Altesse aud[i]t lieux, accompaigné du substitudt de mons[ieu]r le procureur g[é]n[ér]al de Lorr[ain]e, du greffier dud[it] S[ain]t Diey, de Dieudonné Jean de Bourgongne doyen dud[it] prévost, de Jean de S[ain]t Genay et au[tr]es bourgeois dud[it] lieu ; aiant faict tirer des prisons de S[on] A[ltesse] ung nommé Guillerme Volphus amené en ce lieu mercredy dernier par des soldats de mons[ieu]r de Haraucourt gouverneur de Bennefeld y détenu pour ung meurtre assassinat com[m]is par luy et ung sien compaignon nom[m]é Horace cy devant exécuté à Nancy, en la personne d’un religieux calabrais ou cicilien ; et advenu p[ar] devant luy en la chambre ordinaire à ouyr les prisonniers et illecq[ue] par luy jnterrogé sur le[di]t meurtre, conformément au noble décret de Son Altesse adressé aud[it] prévost ce neufi[èm]e du p[rése]nt mois et interrogé p[ar] luy en langue italienne, entendu qu’il ne pouvoit bonnement entendre ny respondre en langue françoise103, sont lesd[i]ts interrogats et responces q[ue] surce il auroit faict, suivant le translat et déclara[ti]on dud[i]t prévost, esté rédigées par escripts par led[i]t greffier soubscript.

A esté enquis et interrogé de ses noms, aage, du lieu de sa naissance, qui sont ses père et mère, de quelles conditions ilz sont et s’il est marié ou non ?

A dit se nommer Guillaume Volphus, né et natif de Cazalle Montférat, appartenant au duc de Mante104, aagé de vingt deux ans ou environ, estant marié seront près de trois ans sur le mois de septembre prochain et print à femme une nommée Blanche, fille du s[ieu]r compte Anthoine de Biendera demeurant audict Cazalle105, de laquelle il n’a encore heu alcuns enffans ; déclairant qu’il est nay gentilhomme et avoit nom son père Jean Baptiste Volphus106, premier secrétaire dud[it] duc de Mante, présentement décédé, vivante encore sa mère nommée Bartholomée dem[euran]t audit Cazaille ; disant que une dame qui est avec ma dame la duchesse de Brunchvie, appellée dameVeronicq[ue], congnoist fort bien la maison d’où il est sorty et de de quel parantage il est, pour avoir fréquenté souventesfois en sa maison, co[mm]e elle fréquenté aussy en la sienne.

f° 1v Pour quelle cause et à quelles fins il s’a acheminé en ce pays ?

A respondu que comme il estoit jeusne homme et avoit moyen honnestement de vivre, il désiroit de veoir le monde, pour apprendre quelque chose de vertu, affin que retournant à Cazalles il puisse servir son Prince à quelque bonne affaire, comme ont faiczs ses père et oncles et que pour parvenir à cela, aiant ung bon cheval et deux habillemens, s’achemina au mois de novembre dernier en la compagnie de la dame Véronicque susd[i]te en ses pays de Lorraine où il espéroit se mectre avec quelque cappitaine d’infanterie pour apprendre l’exercice des armées en la compaignie de ladicte dame et d’ung alpher nommé Dominicq qui les conduit depuis led[it] Cazalle à Nancy ; et que ce fut sur le mois de novembre dernier co[mm]e dit est, là où il fut quelque jour et losgeoit auprès du losgis d’elle ; et par après s’en alla avec le capitaine Vaulchier environs trois ou quattre mois et encor qu’il fut esté à diverses fois avec les gens dud[it] Gaulchier pour gaigner quelque chose, sy n’a en rien sceu avoir, d’aultant que les occa[si]ons ne s’y présentoient107, ce que l’occa[si]onna de revenir à Nancy.

S’il n’a pas congnu ung nommé Horace qui estoit serviteur domesticque à madame la duchesse de Brunchwigt et s’il a fréquenté avec luy ?

A dit qu’ouy ; et qu’il luy avoit heu dit au[tr]effois qu’il estoit de Tortonne108.

S’il losgeoit en sa maison et y faisoit ses despens ?

Dit qu’au retour d’auprès dud[it] Vaulchier il arriva aud[it] Nancy avec ung des gardes de Son Altesse qui tient taverne, où il losgea trois ou quatre nuicts et deslà vint losger en la maison f° 2r où se tenoit ledict Orace et feit marché avec la mère de la femme d’iceluy Horace pour l’entretenir, sçavoir pour sa nourriture, chambre, feu, chandelles et blanchir ses cheminses, arresta pour le prix de douze escus marchand le mois, où il fut quelque deux mois.

S’il sçait que arrivera au losgis dud[it] Horace ung homme de nation espaignolle, lequel seroit esté assassiné le dernier jour d’apvril dernier ès montagne de par deçà ?

Respond qu’il ne losgea ché ledict Horace mais qu’il estois à la taverne du Petit Sainct Nicolas où il fut quelque jour , et fut adverty par l’alphère avantdit co[mm]e led[it] Espaignolle avoit force escus ; et le soir mesme que telles parolles furent dites, souppant, luy qui dépose avec led[it] alphère et Horace, fut dit par il alphère comme il y avoit moyen de gaigner chacun quattre ou cinq cents escus, que ledict Espaignolle, qui se disoit moyne, estoit chargé de beaucoup de deniers et qu’il ne croioit pas qu’il fut de l’Église, d’aultant que la coustume en Italie n’est pas que les gens de religions portassent des armes et qu’il avoit discouru long temps avec luy et à ses parolles avoit bien entendu qu’il avoit beaucoup d’argent et que le failloit avoir, disant qu’eulx trois le poursuiveroient ; et en telle manière se resouldrent d’avoir l’argent à quel prix ce fut, combien que led[it] alphère disoit par fois sy on pouvoit avoir l’argent sans le tuer que le failloit prendre, toutteffois sy cela ne se pouvoit faire, que le failloit tuer, et que ce seroit le plus assuré, de sorte que luy déposant commença à dire que de sa part il ne se failloit trop asseurer sur luy, d’aultant que ne savoit le pays, les chemins ny la langue, mais qu’il feroit comme eulx et tout ce qu’il pourroit ; et en ceste résolu[ti]on se passa le souppé, se couchantz en une chambre luy et led[it] alphère.

Le matin venu ledict alphère commença à dire qu’il failloit suivre qu’avoit esté dit le soir et qu’il ne vouloit manqué f° 2v de sa parolle, sy bien que pour satisffaire à ladicte entreprinse ch[ac]un fut chercher des chevaulx de louhage pour eulx trois, toutteffois il n’en peult recouvrir et fut contrainct en asseurer à la Poste, non pour courir mais pour aller co[mm]e à journée.

Et sur les dix heures Horace s’en alla trouver ledict alphère pour scavoir s’il vouloit venir disner à son losgis et luy fut respondu par il alphère, ainsy que led[it] Horace luy a racompté, comme il n’avoit le tempst d’y venir, d’aultant qu’il attendoit la responce que luy vouloit faire le cappitaine Pelte qui espéroit avoir une compaignie pour aller en Hongrie et luy avoit promis d’avoir sa lieutenance mais qu’aussy tost après le disné que viendroit au losgis ; pendant quoy, racomptoit audict Horace que led[it] religieulx avoit beaucoup d’escus tant dedans une valise qu’en ses chausses et en une bourse et le sçavoit par asseurance, pour avoir heu sondé le guerson dud[i]t religieulx ; mesme luy avoit dit qu’arivant à Basle il vouloit achepter deux chevaulx de pris et se vouloit faire habiller honnestement, ce qu’il ne pouvoit faire qu’il n’eust beaucoup d’argent.

L’après disné arriva led[it] alphère, au losgis dud[it] Horace, entrant en la chambre où il estoit avec luy détenu, commença à parler à luy à p[ar]t, luy disant comme led[i]t religieulx estoit jà party il y avoit quelque heure, tirant droict à Lunéville, et qu’il se falloit haster po[ur] l’attraper ; aiant dit telles parolles et au[tr]es qu’il n’entendit, sortit de la maison dont à l’heure et à l’instant ild[it] détenu se botta et alla monter à cheval comme de mesme feit led[i]t Horace ; et venu qu’ilz furent hors de la ville près du losgis de la Poste, y arriva led[it] alphère auquel le déposant s’addressa luy demandant s’il ne vouloit marcher avec eulx, co[mm]e il avoit este arresté, lequel luy feit responce qu’il ne pouvoit, d’aultant que led[it] capp[itai]ne Pelte n’avoit encore receu la responce pour la compaignie qu’il espéroit avoir, que s’il partoit d’auprès de luy il luy vouldroit trop de mal, luy disant qu’ilz fassent co[mm]e il avoit esté dit, de luy oster les deniers sans le tuer, mais s’ils ne pouvoient qu’ils le tuent f° 3r et qu’ils regardent bien dans la valise, ses chausses et pour poinct et qu’ilz trouveroient l’argent, alléguant qu’il avoit une belle bource laquelle il desiroit fort avoir et qu’à leur retour il savoit bien qu’il auroit pour sa part de l’argent pour achepter ung bon cheval pour aller en Hongrie et mèneroit le détenu avec luy.

Sur ces parolles, se partirent luy détenu et led[it] Horace sur l’heure de midy, tirantz droict à Lunéville ; et arrivantz assé près y trouvarent led[it] religieulx avec lequel ilz entrarent en la ville et losgearent par ensembles à l’hostelerie de L’Ourse ; le matin se mirent en chemin eulx trois de compaignie, disant led[it] Horace aud[i]t religieulx, comme il tenoit le chemin du Bon Homme, de sorte qu’ild[i]t religieulx le pria de l’accompaigner, d’aultant qu’il sçavoit bien le chemin ; avec lequel continuans leur chemin il disnarent au faulbourg de Raon109 n’aiant led[it] religieulx aulcune arme dès le matin qu’il partit de Lunéville, po[u]r avoir heu estant à Lunéville prière audict Horace de luy porter son pistole, son espée et une dague, ce qu’il feit.

Et comme ils partirent après le disné sur les deux heures eulx trois tirans le chemin du Bon Homme, et venu qu’ilz furent au dessus de la montaigne, il déposant tirant son mouschoir hors de sa posche luy tumba ung teston à terre, que fut cause qu’il descendit de cheval ; cependant Horace passant devant luy, qui suivoit de près led[it] religieulx estant advancé de quelques huict pas, l’ouyt t crier contre led[i]t religieulx, mesme veit qu’il abattit le chien de la pistolle pour le tuer ; toutteffois desbendant, le resort ne print feu et ne donna le coup ; ce veu led[i]t Orasse s’advança et en frappa d’icelle sur la teste dud[it] religieulx, appellant le desposant en aide pour l’ayder ; ce qu’il feit et aussy tost qu’il arriva auprès aiant son espée au poing, luy en donna ung coup que porta sur l’espaulle ; par après luy donna trois à quattre estocquades, desquelles, avec les coups qu’il Orace luy avoit donné, tomba led[it] religieulx par terre ; et en ceste estat continuant ledict Orace f° 3v ses coups avec l’espée de luy déposant que luy demanda, d’aultant que la sienne n’estoit bien propre, l’acheva de tuer, pendant qu’il déposant couroit après les chevauls qui s’esgaroient.

Aiant ainsy110 de touttes les choses cy devant de sa libre volonté sans aulcunement estre admiré111, at esté renvoié en prison, d’aultant q[u’i]l pouvoit estre l’heure du midy.

Sur les trois heures après midy112, nous serions de rechefs transporté en ladicte chambre et y faict comparoir ledict détenu auquel at esté remonstré par led[it] prévost, comme cy devant at depuis esté faict, qu’il estoit adverty qu’à la confession d’Orace il détenu n’avoit donné le premier coup aud[it] religieulx ; qu’il advise d’en dire la vérité sans aucunement la dissimuler113.

Surquoy a faict responce comme jà cy devant il a dict, que tumbant de sa poche ung teston il auroit mis pied à terre pour le relever et en remontant veit com[m]e led[i]t Orace pensoit tuer led[it] religieulx avec la pistolle, elle mancqua à feu, recouvrant son coup luy donna sur la teste ; ce faict son cheval le porta par desoubz un arbre branchu, que fut cause qu’il tumba ; dont aussy tost descesdut, luy Orace et aussy le déposant, auquel religieulx il donna quatre ou cinq coups d’estocquades et led[it] Orace l’acheva, avec l’espée de luy détenu qu’il luy donna ; et pendant qu’il couroit après les chevaulx luy, Orace le fouilla, auquel il print les deniers qu’il pouvoit avoir ; et n’a jamais veu de ce que fut prins que quarante cinq escus soleilz114, tant de ce qui se trouva en la valize et en la poche de ses chausses, que du vendaige du cheval ; dont à l’instant et sur la place il receut six escus solz qu’il Horace luy donna avec une bourse dans laquelle il n’y avoit aulcun argent, une croix d’argent et ung chappelet ; et ledict Orace print la valize et le pourpoinct, estimant estre garny d’escus, mais comme il trouva qu’il n’y avoit rien, après l’avoir heu porté quelque distance d’où le meurtre et assassinat fut faict, la jecta par terre, aiant f° 4r auparavant laissé le mort à peu près de la place où il fut tué sans aulcunement le couvrir ny cacher, may qu’il Orace le traina quelque peu hors du chemin ; et deslà s’en vindrent au giste à La Croix, au losgis du maire d’illecq.

S’il menoit le cheval dud[it] religieulx et combien il fut vendu aud[i]t maire de La Croix ?

A dit q[ue] s’estoit Orace qui le menoit, mesme le vendit audict maire pour trente frans, ainsy que luy racompta ; le lendemain qu’estoit le premier jour de may, vindrent en ce lieu de S[ain]t Dié pour y déjeuner au losgis du Saulvage où ils prindrent deux chevaulx frais pour les conduire jusques à Lunéville et les deux au[tr]es que auparavant ils y avoient prins, le guerson dud[it] religieulx en menoit l’ung avec la valise du mort115 et le valet de l’hoste l’au[tr]e ; et ainsy s’en allarent tous de compaignie à Lunéville ; pendant la nuict cercharent par toutte la valise et n’y trouvarent que trente cinq escus soleilz, lesquelz Horace vouloit p[ar]tager mais luy déposant luy dit qu’il attende, jusques à ce qu’ils seroient à Nancy et que là il debvoit de l’argent à sa belle mère et à sa femme pour despens qu’il avoit faict ché elles et qu’après avoir faict compte ensembles, celuy qui debvroit à l’autre le payeroit. .

Le jour après du matin, ilz partirent avec deux chevaulx qu’ilz prindrent chez l’hoste et s’en allarent disner à Sainct Nicolas, espérans aller à la giste à Nancy par ensembles ; mais co[mm]e il arriva au village de La Neufve Ville, il luy vint ung advis de n’y poinct aller ; occa[si]on po[u]r quoy il losgea aud[it] La Neufville au losgis de la Belle Pallefrenière ; et led[it] Horace continua son chemin et alla à Nancy ; toutteffois avant que de se dire à Dieu l’ung l’aultre, il demanda deux escus solz, disant qu’il debvoit jà auparavant des despens et que y losgeant encor, il y en feroit ; ce ouy, led[it] Orace les luy donna ; et comme le matin l’hostesse s’habilloit, arriva à la fenestre son marit qui en bucquant l’appella : Loyses ! et luy dit com[m]e Son Altesse et les princes alloient à Sainct Nicolas116 ; ce qu’occasionna à luy déposant f° 4v se lever pour tirer droict à Nancy, après avoir heu donné deux escus à lad[i]te Pallefrenière ; et venu proche du village au deslà de La Neufville, qui peult estre Jarville117 sans néantmoings le nommer, veit les princes venir vers la Chappelle des Bourguignons118 et de poeur d’estre veu, se retira dans la porte d’une maison, attendant qu’ilz fussent passez ; fut tost esbahy d’ung cavallier ou gentilhomme qui venoit après, le nom duquel il ne peut nommer, qui s’adressant à luy, luy demanda de quelle nation il estoit et d’où il venoit119, auquel feit responce qu’il estoit Italien et venoit de Raon ; ce ouy, luy resplicqua et dit : Monsieur le comte faict chercher parmys Nancy les Italiens qui ont tuez ung homme d’Église vers les montaignes ! ce qu’entandant ne luy feit aulcun responce, sinon qu’il n’en sçavoit rien ; et ainsy passa oultre, changeant d’oppinion et de chemin, tirant arrier de Nancy environ deux lieues à ung village qu’il ne sçait le nom et y arriva à l’heure de disner, dont aussy tost y print ung guerson qu’il envoya à Nancy pour neufs gros qu’il luy debvoit donner, pour porter ung billetin qu’il escripvoit à l’alphère Dominicque ; mais pour lors il n’estoit plus à Nancy et ne le peult trouver comme luy racompta par après à son retour. .

Que fut la cause qu’il s’advisa de changer d’habits vieulx et difformes que l’hoste où il estoit losgé luy donna, y laissant les siens en gaiges pour unze à douze frans qu’il avoit despencé, y comprins quatre frans qu’il receut ; et prenant une guide pour le conduire le chemin à Blâmont, [il] partit et alla losger à une lieue près, dont fait tant p[ar] ses journées qu’il arriva au quartier où les gens de monsieur de Chasteaubrehain120 estoient aux Allemaignes121, où il fut prins et détenu par quelques jours, soubz la charge du prévost de camp122 et depuis amené à Bennefeld et en ce lieu mercredy dernier où il est de p[rése]nt.

Enquis sil n’a faict au[tr]e mal en son pays, pour sç’avoir absenté co[mm]e il a faict, aiant laissé une dame sa fem[m]e sy jeusne co[mm]e de dix huict ans qu’elle peult avoir, ainsy qu’il nous auroit déclairé ?

f° 5r A respondu qu’en sa vie il n’a faict aultre chose mal à propos que ce que a déclairé, se remettant à l’informa[ti]on que pour ce l’on en pouroit faire et nonobstant qu’il soit six ans qu’il estoit retenu pour soldat de chevaulx légers pour le service de Son Altesse de Mante, sy n’auroit et pouroit jamais faict desplaisir à personne ne mis l’espée au poing pour en oultrager.

Demandé pourquoi il s’estoit rendu soubz telle charge veu qu’il est gentilhomme, aiant espousé la fille d’un comte qui peult avoir beaucoup de moyens ?

Respond qu’il l’avoit faict po[u]r jouyr de la franchise.

Quel est la franchise ?

Dit que ceulx ainsy retenu au service dud[i]t prince ne luy paient que la moictié des sommes adquoy ilz sont taxez pour des subsisdes et aultres fournitures qu’il convient payer, mesme ont des privilèges que les au[tr]es n’ont pas, comme de porter les armes et aller de nuict sans chandelles, moien[nant]t qu’ilz ne soient plus de trois.

Aussy que le comte Anthoine son beau père estoit capp[itai]ne de la compagnie desd[i]ts chevaulx legers.

Quelle rente il peult avoir par chacun an ?

Respond qu’en commune année il a bien cinq cens ducatons123. .

f° 5v Qu’est tout ce qu’il nous a déclairé, priant pour l’honneur de Dieu que sy par sorte l’on le veult faire mourir qu’il puisse estre ouy en confession.

Sur ce a esté renvoyé en prison, jusques ad ce qu’il en sera ordonné124.

J. Lamance125, Demenge, N. Bilquaire.

  f° 5v

[Conclusions du substitut du procureur le 27 juin 1597]

(suite) Le soubscrit substitut du s[ieur] procureur g[é]n[ér]al de Lorraine126 qui ha veu les présens interrogatz faictz par les dits s[ieur]rs prévost et gens de justice de S[aint] Diey à ung quidam Guillerme Volphus détenu présentement ez prisons criminelles dudict lieu sur le vol, meurtre et assassin par luy commis et perpétré concomitement avec défunct Horace [blanc] exécuté pour le mesme vol sur la personne d’un religieux calabrais, maintient iceluy détenu estre suffisamment attainct et convennu d’avoir non seulement proditoirement127 et meschamment pourpensé, conclud et arresté avec ledict défunct Horace, le meurtre et assassin susd[it] mais aussy sans aulcun respect à la dignité et qualité dudict relligieux, luy tiré plusieurs grandes estocades au travers du corps puis ravy et emporté ses hardes et argent monnoye et le tout butiné et partagé avec led[it] Horace son complice Pour répara[ti]on de quoy et d’un act si cruel, brutal et inhumain et attendue l’atrocité du faict, mesme que le relligieux comme compatriote s’estoit du tout confié à eulx et à leur compagnie et en signe de conscience128 les saisy de ses armes, requiert led[it] Guillerme Volphus détenue estre par sentence desd[its] s[ieu]rs prévost et de justice condamné à estre mis entre les mains de l’exécuteur de haulte justice puis conduict et mené sur ung eschaffault qu’à ceste fin sera dressé et érigé au lieu le plus commode d’icy et d’en avoir le poing dextre couppé en détesta[ti]on du sacrilège com[m]ys puis lié et attaché sur une roue qu’à ceste fin sera préparée, estre rompu vif lez bras, cuisses, jambes et aultres endroictz du corps en tel cas accoustumé et après avoir languy quelque espace de temps en cest estat129 à l’exemple et terreur des aultres, estre finalem[ent] estranglé, ses biens déclarés acquis et confisqués à cuy il appartiendra, prins sur iceulx au [pré]allable les fraiz de justice telz q[ue] de raison.

Faict aud[it] Nancy le XXVII juin 1597.

Barrois.

  f° 5v

[Avis et sentence des échevins de Nancy le 27 juin 1597]

(suite) Les m[aist]re eschevin et eschevins de Nancy qui ont veu les p[rése]ntz interrogats faictz à Guillerme Volphus détenu prison ès prisons forts de S[aint] Diey pour estre prévenu de vol et assassinat commis par luy en la personne d’un certain religieux d’Italie, disent que par sa recognoissance et confession volontaire il est suffisamment convaincu f° 6r d’avoir tué et assassiné led[it] défunct religieux, pris et volé ses hardes et argent qu’il avoit sur luy à l’assistance et ayde de feu Horace Sermel son complice, dernièrement exécuté en ce lieu de Nancy pour le mesme subject. Pour répara[ti]on dequoy il y a matière de le condamner aux peines requises par le substitut du s[ieu]r procureur g[é]n[é]ral de Lorraine d’aultrepart130.

Fait à Nancy le XXVII juin 1597.

N. Bourgeois131, Philbert132, Habillon133, Guichard.

  f° 6r

[Procès-verbal de l’exécution le 1er juillet 1597]

(suite) Le premier juillet 1597 la sentence des sieurs maistre échevin et échevins susd[i]tz a esté exécutée selon son contenu contre Guillerme Wolff y dénommé, tesmoing le seing manuel et accoustumé de moy greffier ordinaire de Sainct Diey cy mis.

N. Bilgaire.

  f° 1v

[Dépenses pour la procédure et l’exécution du 1er juillet 1597134]

Le IIIe jour de juing135 fut amené en ce lieu ung nom[m]é Guillerm Wolps136 Italien pour avoir commis ung meurtre et assassin en la personne d’un religieux espagnol sur la montaigne du Bon Ho[mm]e, lequel Wolps fut conduict en ced[it] lieu par sept soldatz de Benfeld q[ue] monsieur de Haraucourt avoit com[m]andé à ceste effect, lesquelz firent despence au losgis du Saulvage tant po[u]r leur soupper le lendemain avec la giste de deux ch[evau]lx, sur l’un d’iceulx estoit le prisonneir, de neuf frans et demy q[ue] led[it] s[ieu]r prévost fut contrainct payer suyvant une lettre missive q[ue] le s[ieu]r de Haraucourt luy avoit escript po[u]r ce fait, icy produicte, avec la quittance de l’hoste, par ce lesd[its] : IX fr. VI gr. .

Lequel fut emprisonné led[it] Wolps et par après ouy sur les faictz dud[it] meurtre, son procès du tout instruict par luy prévost fut envoyé à monsieur le procureur g[é]n[ér]al et m[aist]re eschevin et eschevins de Nancy po[u]r y donner sentence, fut payé po[u]r leurs droictz : II fr.

Et po[u]r le port dud[it] procès : IIII fr.

Estant le procès raporté à S[ain]t Diey fut dit qu’il seroit exécuté par la roue ainsy qu’appert par la sentence q[ue] fut exécuté le premier juillet, po[u]r l’exécu[ti]on d’icelle vient de droict à luy p[ré]vost : V fr.

Payez à ung rouyer qui a faict une neufve roue po[u]r led[it] Guillerme deux frans : II fr.

Au maréchal qui a mis deux bande de fer au moieux afin q[u’e]lle ne se fende en brisant les membres, payé : VI fr.

f° 2r Pour ung polteau à mectre lad[it]e roue dessus et au charpentier qui l’advoit accom[m]odé, payez dix huictz gros po[u]r tout icy : V fr. VI gr.

Et pour faire mener le tout au lieu où il failloit f[air]e l’exécu[ti]on et f[air]e planter led[it] polteau, payez à deux hommes icy : IX gr.

Pour la nourriture dud[it] Wolps dès le troiziesme juing j[us]q[ue]s au premier juillet suyvant q[ue]sont vingt neufz jours, vous plaira messeigneurs luy accorder trois gros po[u]r ch[ac]un jour, d’aultant qu’il estoit gentilho[mm]e et estoit fort bien traitté deux fois le jour, icy : VII fr. III gr.137.

1. Nous avons rangé et numéroté les pièces dans l’ordre chronologique mais dans la cote elles n’ont pas d’ordre.
2. Le départ de Nancy des complices est le mardi 29 avril 1597 et le départ de Lunéville du religieux et des deux ou trois complices est le mercredi 30 avril 1597, le corps est découvert le matin du jeudi 1er mai et la levée du cadavre (pc.1) est le vendredi 2 mai, puis les pièces se suivent.
3. La Croix et depuis 1611 La Croix-aux-Mines : Vosges, ar. Saint-Dié, c. Laveline et depuis 2015 c. Saint-Dié.
4. Cuir de toute espèce animale qui a subi un traitement particulier à baise d’huiles naturelles.
5. Desentir : chercher, flairer, trouver la piste. C’est plutôt un verbe relatif à la chasse.
6. De pointe.
7. Ce vu, ceci ayant été vu. Le passé a souvent la forme : il feit, il veit.
8. Signe distinctif d’un ecclésiastique habillé en civil. Il est commenté par le 5e témoin de la première information (pc.2 f°2r.) le 2 mai 1597.
9. Le terme « cariset » désigne du drap.
10. Le mot « massacré » apparaît plus loin, dès l’information du 2 mai 1597.
11. Ou Chevillemay. Le X est équivalent à Ch. comme dans Xamontarupt qui signifie le ruisseau de Chaumont.
12. Il s’agit d’objets ramassés plus tard.
13. La réserve n’est pas entière. Il n’est pas haut justicier indépendant, entier et seul, mais il a des droits qui sont partagés avec le duc. Les rapports compliqués avec le baron réapparaissent au début du second procès. Il y a en fait deux questions : qui informe, procède et juge ? Et qui à la fin récupère les profits de justice ? La justice ducale a établi sa supériorité au long du XVIe siècle pour être la puissance qui procède et qui juge, mais sans bouleverser les droits et l’économie de justice et donc à la fin des procès la sentence est prononcée en exprimant la réserve que les biens confisqués iront « à qui il appartiendra ». D’où selon les cas des partages par moitié ou autrement.
14. Effectivement, dès le 3 mai Nancy a été prévenu de la découverte du corps et de la situation. Il n’y a pas d’heures pour le premier acte de procédure mais la levée du corps a sans doute été effectuée tôt le matin.
15. Par « confiscation » le représentant de la justice seigneuriale entend l’issue d’un procès fait à un coupable dont les biens seront à la fin confisqués et leur valeur partagée. Sa réclamation inclut peut-être le droit des « épaves » à savoir la valeur des objets appartenant au défunt trouvés sur place. Ce droit attribue au haut justicier tout ce qui est trouvé dans son ressort.
16. C’est le nom du substitut du procureur à Saint-Dié. Normalement un procureur ne signe pas les actes des enquêtes mais seulement ceux qui relèvent de son propre office : requises, fins et conclusions. Cependant le prévôt n’est pas présent le 2 mai et les autres étant seulement des maires voire des « menus maires » et moins, Demenge était l’officier ducal le plus haut.
17. Il n’y a pas de lieu indiqué mais il est évident que cette information a été réalisée sur place. L’acte est aussi de la même écriture et sur un papier de même grand format que la levée du cadavre.
18. On verrait bien un rapport entre le « A. Chardon » qui signe la pc.1 et cet « Adrian Guerdon » mentionné pc.2 mais la signature et l’acte sont parfaitement lisibles et ils ne concordent pas.
19. Taintrux est à 17 kilomètres à l’ouest de La Croix mais la géographie seigneuriale est fort complexe. Cette seigneurie barre la crête des Vosges vers les cols car elle s’étend entre autres sur Ban et Laveline (aujourd’hui Ban-de-Laveline) Colroy (aujourd’hui Provenchères-et-Colroy) et La Croix : Arch. dép. M.-et-M., B9529. Dans les cotes d’archives suivantes, le seigneur est le sieur de Château-Bréhain B9530 puis Georges Bayer baron de Bonpart B9531 : c’est toujours la même personne. Une description par villages ne signifie jamais que le seigneur a tous les droits et d’ailleurs, ici, le duc y participe.
20.Sic. Ces actes sont écrits en tout ou partie sous la dictée. Par « dessoubre » il faut comprendre « dessoub » ou « dessous » et pour « Mandra » il y a deux possibilités. Soit un toponyme étroit signifiant retraite, refuge pour le bétail, que l’on retrouve dans le nom du ruisseau Mandrasel et dans Mandramont cf. Victor Lalevée (1878-1962) instituteur vosgien et historien, auteur du Pays des marcaires, 1950, et de À l’ombre des Hautes-Chaumes..., Saint-Dié, éd. Loos, 1934 et 1956. Soit il s’agit du village de Mandray, dans un vallon perpendiculaire à la Meurthe, en amont de Saint-Dié. L’orthographe Mandra est rare mais attestée historiquement dans Paul Marichal, Dictionnaire topographique des Vosges, Paris, Imprimerie nationale, 1941, p. 262-263.
21. Cette déposition qui se limite à un commentaire sur la déposition précédente induit que les témoins n’ont pas été interrogés à part les uns des autres, comme ce doit être le cas dans une information qui n’est pas dite pour rien « information secrète ». Ici, l’un a écouté l’autre. C’est une nouvelle entorse aux règles de procédure.
22. Déplaisant. C’est donc la femme encore debout qui s’est occupée des voyageurs.
23. En vérité ils s’en reviennent du Bonhomme et vont vers Nancy mais ils ont dû penser que l’hôtesse n’avait pas vu par où ils étaient arrivés. Le lendemain ils donnent à l’hôte une autre explication.
24. Elle comprend l’allemand. Ce qui n’en était donc pas. Il est confirmé dans le procès fait à Guillelm Volphus que celui-ci ne connaît que l’italien et « il ne pouvoit bonnement entendre ny respondre en langue françoise » d’où le « translat » des questions et des réponses.
25. Au poële.
26. Silencieux, calme. Il se tait.
27. Bien désolés.
28. Sac de voyage en cuir.
29. S’entretenir familièrement avec quelqu’un. On peut supposer que ce n’est pas par inadvertance que l’hôtesse a touché la « bougette » mais à défaut de l’avoir vue ouverte, elle a voulu évaluer au poids ce que cela pouvait renfermer, de même qu’elle a dû observer le maniement de la « valise » pour savoir à quoi s’en tenir. Ce sont des étrangers un peu louches et il est dans les attributions des hôtes de questionner et d’observer les passants.
30. Une malle – ce qui ne conviendrait pas à des cavaliers – donc plutôt le second sens, à savoir un sac de cuir fait en long, qui est porté sur la croupe d’un cheval et qui sert à transporter des vêtements et autres choses. Le « velu » doit signifier que la peau de celui-ci est tournée vers l’extérieur, avec des poils.
31. Confusion avec « fors » : sauf.
32.Sic. Comme on l’a dit plus haut, il revient aux hôtes de s’informer.
33. L’adresse porte : à « Monsieur de La Ruelle conseillier de Son Altesse et secrétaire ordinaire des com[m]andem[ents] d’icelle. » Cette lettre du 6 mai est postérieure à la procédure commencée et éditée plus loin mais nous l’avons placée ici car elle semble plutôt liée au déroulement de l’affaire sur place, dans les Vosges, qu’aux développements à Nancy.
34. Les prairies d’altitude.
35. Rien de cela n’est dans les dépositions des témoins de la première information. De même qu’on n’y lit pas qu’ils ont brûlé des papiers. Il faut donc qu’après le 2 mai le prévôt ait recueilli des informations en plus.
36. Ici le prévôt se préoccupe de financer un service religieux pour le Salut du religieux, alors qu’il n’y a pas d’argent à faire sur ses vêtements déchirés. Il veut aussi s’assurer que les frais seront couverts par le receveur ducal.
37. Jean Lamance est le prévôt de Saint-Dié dont Antoine Fersing a trouvé les lettres patentes de finance de l’office, en date du 27 juin 1591 : Arch. dép. M.-et-M., 3F 240, n°56.
38. Il y a deux étiquettes sur le même verso : « Informa[ti]on touchant le meurtre commis en la p[er]sonne de feu m[essi]re Joseph de l’ordre s[ain]t D[omi]nique à la montagne du Bon Homme. » et « Information faite co[n]tre Horace Sermel prison[n]ier détenu en ce lieu de Na[n]cy pour cas de volz dont il est prevenu. »
39. Les couleurs ont indiqué qu’il s’agissait d’un religieux de l’ordre des dominicains, couramment appelés jacobins en France.
40. « Les » témoins ne sont qu’un seul, ce qui est troublant.
41. Il y a un procureur général dans chacun des trois bailliages lorrains mais celui du bailliage de Nancy est aussi le procureur général de Lorraine.
42. Le cardinal Albert d’Autriche, cinquième fils de Maximilien II d'Autriche en route vers les Pays-Bas dont il a été nommé gouverneur en 1595 par le roi d’Espagne Philippe II.
43. A noter que l’analyse de cette déposition n’aboutit à rien de concluant sinon à des soupçons. En effet un témoin satisfaisant pour la justice de ce temps est celui qui jure avoir vu quelque chose. Or le seul témoin auditionné n’a rien vu. Comme l’a écrit le prévôt de Saint-Dié dans son rapport du 6 mai « de pouvoir descouvrir si les deux domesticques y meirent la main, cela est impossible » et la difficulté générale est « qu’il n’y avoit personne p[rése]ns lors du meurtre com[m]is ».
44. Cette porte fortifiée est aménagée en prison et sert à la prévôté de Nancy et aux échevins.
45. Guillelm Volphus dit « Tortonne » c’est donc Tortona en Italie dans le duché de Milan, possession particulière de Christine de Danemark puis de sa fille Dorothée de Lorraine.
46. Dorothée de Lorraine. Voir le texte de présentation.
47.Alférez ou alphère est un grade espagnol qui a pu devenir un surnom ou nom de guerre, comme en portent tous les soldats : la Jeunesse, la Fleur, le Balafré... et donc le grade aurait fini par désigner ce militaire. Alphère apparaît dans les actes des deux procès, tantôt comme un sobriquet ou nom de guerre tantôt comme un titre, voire comme s’il s’agissait de son nom de famille.
48. Faire du butin, piller lors de l’attaque d’un convoi ou, dans le cas qui nous intéresse, lors de la prise d’une ville. Amiens a été prise par surprise dans la nuit du 10 au 11 mars 1597 par les Espagnols. Amiens était une ville sans fortifications modernes et sans garnison royale, où le corps de Ville avait tenu à veiller seul à sa défense. Henri IV a seulement pu envoyer en 1596 Jean Errard (dit Errard de Bar-le-Duc, Lorrain d’origine) qui n’a guère pu mettre la ville en défense. Les Espagnols, installés non loin, à Doullens, savaient ses faiblesses. En petit nombre ils ont provoqué un désordre à la porte de Montrescu en renversant un chariot rempli de sacs de noix, surprenant la garde et s’emparant de toute la ville. Succès facile, dans une période plutôt mauvaise pour les Espagnols. Dix jours plus tard, Henri IV est devant la ville d’Amiens avec une armée. De nombreux imprimés de propagande ont rendu le stratagème célèbre. Voir Olivia Carpi et José Javier Ruiz Ibáňez, « Les noix, les espions et les historiens. Réflexion sur la prise d'Amiens (11 mars 1597) », Histoire, Économie et Société, juillet 2004, p. 323-348. La ville a effectivement été mise au pillage.
49. Il désapprouvait.
50. La robe et les vêtements blancs distinguent les dominicains.
51. C’est un mensonge pour le faire parler. A cette date le complice n’a pas été arrêté.
52. Haut-Rhin, ar. Colmar-Ribeauvillé, ch.-l. c. Par le val de Lièpvre on arrive droit à Sélestat en Alsace.
53. Langue, langage.
54. Comprendre probablement une « escrission » ou inscription, une devise. Les indices sont trop maigres pour reconnaître quelque chose dans ce cachet.
55. Le deuxième jour l’orthographe passe de « Alpher » qui devait être pris pour un nom à « l’alphère Dominique » où le sens du grade alférez a dû être compris ;.
56. Dans les actes rédigés sur place, il n’est nulle part question d’autres cadavres. Les officiers essaient peut-être de prêcher le faux pour savoir le vrai.
57. Où l’on voit bien que les gens de justice s’informent en dehors des temps et des actes écrits qui constituent nos sources, car d’où sort la dénonciation de cet André ?
58. Laneuveville-devant-Nancy : Meurthe-Moselle, ar. Nancy, c. Tomblaine et depuis 2015 c. Grand-Couronné.
59. Les trois questions posées ici sur d’autres vols sont sans rapport avec le meurtre et vol du religieux mais elles correspondent à une méthode judiciaire vue dans d’autres procédures. Les enquêteurs lancent un peu au hasard à un prévenu d’autres crimes dont ils ont connaissance, pour le cas où cela leur rapporterait un aveu ou la dénonciation d’un autre. Parfois ils n’y reviennent pas. Parfois ils insistent beaucoup, même si à la fin il n’en reste rien dans l’accusation. Du coup, nous recueillons ici des indices sur des vols commis dans les résidences princières.
60. François de Lorraine (1572-1632) troisième fils du duc Charles III qui épouse le 12 mars 1597 Christine, comtesse héritière de Salm qu’elle lui apporte en dot.
61. « Entre tes mains, Seigneur, je remets mon esprit » ou « mon âme ». Ce sont les dernières paroles prononcées par Jésus sur la croix avant d’expirer : Luc 23 :46. C’est la prière par laquelle celui qui va mourir chrétiennement recommande son âme à Dieu et espère en la résurrection.
62. C’est aussi une information nouvelle qui a été rapportée aux échevins. Le couvent et l’église des Cordeliers sont situés dans la Vieille-Ville de Nancy à côté du palais ducal. La Ville-Neuve est en construction depuis 1590.
63. Gilles Rambouillet est secrétaire ordinaire du conseil du duc. Il est entré dans les charges publiques avec son père, Jean, par le service domestique avant de servir l’État. Il a épousé Claude Mainbourg, fille de Georges Mainbourg, conseiller d’État issu d’une grande famille de robins. Gilles Rambouillet est greffier du tribunal des échevins du Change en 1585 puis secrétaire ordinaire du conseil en 1592 cf. Antoine Fersing.
64. Nicolas Remy pense ici aux objets pris au religieux qui ont été retrouvés lors de la perquisition.
65. A partir d’ici le paragraphe est serré sur la gauche parce que l’étiquette « Audition d’Orace Sermel détenu ès prisons de la porte La Craffe » a été écrite sur la dernière page de la liasse avant que le procureur n’y écrive, au dos du dernier feuillet. C’est d’ailleurs un détail intéressant car on se demande toujours à quel moment ces étiquettes ont été écrites : sur le moment, plus tard, après la conclusion de l’affaire pour archiver la pièce ? La réponse est donc ici : aussitôt après l’interrogatoire avant de transmettre la pièce. Mais ce n’est pas forcément toujours le cas.
66. L’étiquette porte « Procès verbal de la question donnée à Horace Sermelle ».
67. Probablement Philippe Othon (1575-1634) rhingrave de Stein et comte de Salm, fils du rhingrave Frédéric (1547-1608) « comte sauvage du Rhin », et de Françoise, comtesse de Salm.
68. Un scandale.
69. Normalement la justice des lieux doit obtenir les réquisitions du procureur et l’avis des échevins de Nancy avant de condamner un prévenu à la question et y procéder. Les échevins de Nancy gagnent ici du temps en prononçant la sentence et en la faisant appliquer immédiatement. Rappelons que dans des procès où ne comptent que les paroles des témoins, les aveux sont la preuve suprême.
70. Sur ce bourreau tout à fait particulier dans une partie de son activité, mais pas ici où il s’est comporté normalement, voir Antoine Follain, « Prince, juges et sujets face à la plus embarrassante de toutes les affaires judiciaires. Le procès fait au bourreau Poirson Voirin en 1614 pour avoir épargné des accusés et mis à mal la justification de la torture », à paraître dans les actes du colloque Antoine Fersing et Jonathan Pezzetta (dir), « Princes, juges et sujets dans l’espace lorrain des XVIe et XVIIe siècles » numéro spécial des Annales de l’Est.
71. Serré. Les grésillons sont un petit dispositif mécanique qui permet d’emprisonner les doigts puis en serrant une vis, de les écraser progressivement.
72. Détendre d’un coup le supplicié qui a été étiré, ne lui fait aucun bien mais participe de la douleur.
73. La sellette, le tabouret.
74. L’estrapade en Lorraine est une variante de l’échelle. Soit le supplicié est couché sur une échelle à plat, les pieds attachés et il est tiré par les mains avec une corde qui est enroulée sur le tambour d’un treuil, soit il est attaché les mains dans le dos et élevé de terre et c’est « l’estrapade » où le poids du corps a le même effet sur les articulations que l’étirement avec le tour.
75. Pour le réchauffer et l’apaiser. La procédure de la question suppose que le prévenu soit mis « hors des tourments » et qu’on lui fasse répéter ses aveux librement, afin qu’ils aient leur plein effet.
76. Judiciairement, la justice de ce temps ne s’attache qu’à établir les faits. Il est donc objectivement suffisant que la culpabilité d’Horace Semelle soit établie, pour requérir la peine de mort. Ce sont les historiens du XXIe siècle (et les juges de notre temps) qui veulent tout éclaircir.
77. La place du Change citée comme ici dans d’autres sources du XVIe siècle, est souvent assimilée à la place des Dames mais c’est contesté par Charles Courbe qui reconnaît que plusieurs noms trouvés dans les archives ne peuvent pas être situés. Par exemple la place du Change n’est pas la place des Dames mais « nous ne savons où elle était située » (p. 98) et sans doute les places du Change ou du Vieil Change ou du Chastel étaient-elles la même place (p. 144) cf. Charles Courbe, Les Rues de Nancy du XVIe siècle à nos jours, Nancy, Imprimerie lorraine, 1886.
78. Le cadavre est réinstallé sur une seconde roue, dite d’exposition, en hauteur, et laissé à l’abandon. La forme initiale et complète du supplice de la roue veut que le supplicié ne soit pas étranglé mais qu’il agonise, la face tournée vers le ciel et son Créateur, afin qu’il puisse implorer pour son Salut. Une certaine iconographie montre l’intercession de la Vierge auprès de son fils. C’est d’ailleurs ce qui justifiait cette forme d’exécution qui en étant simplifiée, en achevant le condamné, a perdu en grande partie sa raison d’être. En l’occurrence, le procureur général requiert une peine dure, avec le bris des quatre membres, mais aussi que le prévenu Horace Semelle soit tué avant que l’on expose son cadavre. Voir une analyse complète du supplice de la roue dans Antoine Follain, Le Crime d’Anthoine…, Paris, L’Harmattan, 2014, p. 115-134 « Faire mourir utilement ».
79. Faute d’heures, il est impossible de savoir exactement dans quel ordre mettre les pièces datées du 7 mai. Voir notre présentation des sources. Il ne peut s’agir à proprement parler d’une suite de l’information, d’abord parce que celle-ci a été commencée le 5 mai par les échevins (et aussitôt terminée par eux) et ensuite parce que l’épouse et la belle-mère sont des parents trop proches. Dans d’autres procédures, de telles personnes sont auditionnées en même temps que d’autres et leurs dépositions n’ont pas le même statut que celles des autres déposants. On doit aussi se demander pourquoi cette audition a été réalisée par le prévôt.
80. La fille s’appelant de La Haye il faut qu’elle soit née d’un premier mariage de sa mère La Teinturière.
81.Sic. Pour l’alphère nommé Dominique ou pour Dominique dit l’Alphère.
82. Il n’est pas précisé par qui a été réalisé cet ultime interrogatoire mais cet acte est écrit à la suite du précédent et il est donc probable que c’est le prévôt seul qui, avec son papier commencé la veille, est allé interroger Horace Semelle et lui confronter sa belle-mère. Rappelons que nous ne garantissons pas que la confrontation par le prévôt soit avant ou après la sentence par les échevins, lesquelles sont du même jour sans l’heure.
83. Le pont de Malzéville remonte à 1498. Il correspond à l’actuel pont Renaissance.
84. Le tribunal des échevins de Nancy est aussi appelé tribunal du Change, du nom de la maison où il est installé.
85. Il y a ici une chose tout à fait inhabituelle et une incroyable : que les échevins reprennent l’interrogatoire après avoir prononcé leur sentence au prévenu et qu’ils prennent connaissance seulement à ce moment de la procédure, des pièces qui ont été rédigées le 2 mai à La Croix, la levée du cadavre (pc.1) et l’information première (pc.2).
86. Cet acquit et les pièces comptables qui suivent attestent que l’exécution a eu lieu.
87.Sic. Ce qui ne participe pas à éclaircir la topographie urbaine au XVIe siècle à Nancy.
88. Sur la même page se trouve un autre acquit sans rapport avec notre affaire, pour la nourriture en prison d’un voleur dans les églises.
89. Pour Horace. Ensuite un blanc correspond au nom laissé en blanc.
90. Les sommes ont été révisées.
91. Ce mot désigne en général une certaine quantité de quelque chose, une quantité usuelle.
92. Cet article n’est pas immédiatement compréhensible mais on peut voir dans les dépenses pour l’exécution de Guillelm Volphus que sur sa propre roue le maréchal-ferrand a mis des renforts en fer « au moieux [de la roue] afin qu’elle ne se fende en brisant les membres ».
93. Peut-être la Vieille Ville de Nancy, alors que la Neuve est en contruction.
94. A noter que l’inventaire de la série B de la fin du XIXe siècle indiquait seulement dans cette liasse un « Mémoire de la dépense faite à Laneuveille-devant-Nancy, au logis de la Belle Palefrenière, par l’Italien que l’on conduisait à Saint-Dié. » ce qui était une analyse très éloignée des faits et sans du tout signaler le procès.
95. L’adresse est ainsi rédigée : à « Monsieur le baron de Bonpart con[seill]er d’Estat et gentilhomme de la chambre de Son Alteze collonel d’un régiment pour le service de Sa Majesté impériale. »
96. Jacobin est un terme utilisé mais pas exact. L’ordre est bien celui des dominicains.
97. Adressée à : « A monsieur le prévost de S[ain]t Diey. »
98. Il y a donc une lettre non conservée du prévôt de Saint-Dié au baron de Bopart.
99. « Du droit de l’Empereur ». La question des frontières est complexe. À un niveau historique plus général, d’aucuns considèrent que la Lorraine est sortie du Saint Empire au traité de Nuremberg en 1542 mais le traité n’a pas tranché la question aussi nettement. Que ce soit à l’ouest avec le royaume de France ou à l’est avec le Saint-Empire, les États du duc de Lorraine sont dans une situation évolutive, où le droit compte moins que les rapports de force. Quant aux territoires concernés par le présent cas de justice, on comprend bien qu’est en cause le tracé de la frontière – un concept problématique fin XVIe siècle – entre le duché de Lorraine et l’Alsace, tel qu’il a été défini lors de l’enquête de 1521 diligentée par la cour impériale de Rottweil : Arch. dép. M.-et-M., B9648, et au traité de Nuremberg. Voir dans le Dictionnaire historique des Institutions de l’Alsace, les notices « Lorraine » et « frontière » rédigées par Georges Bischoff.
100. La signature et l’adresse ne sont pas de la même main que le mot et l’ajout qui ont été rédigés par un secrétaire. Benfeld est le château d’où écrit le sieur de Haraucourt.
101. Ajouté en bas et sur le côté du message.
102. L’étiquette porte « Procès de Guillerme Wolp[hu]z de Casal Montferrat. » La thèse de Jean-Claude Diedler, Violence et société. La haute vallée de la Meurthe vers 1550 vers 1660, thèse de l’université de Besançon sous la direction de Roger Stauffenegger, 1993, est la meilleure étude possible sur les sources et les procès à Saint-Dié mais elle s’intéresse surtout aux mentalités perçues à travers les procès les plus anciens, avant que la justice ducale ne prenne le contrôle de tout. La thèse a été éditée sous le titre Démons et sorcières en Lorraine : le bien et le mal dans les communautés rurales de 1550 à 1660, Paris, Éd. Messene, 1996.
103.Sic. L’incapacité de Volphus à s’exprimer en français doit expliquer un certain nombre de choses qu’il a faites et son incapacité à trouver par où disparaître.
104. La ville et seigneurie de Casale Monferrato en italien ou Casal-Montefferat, appartient aux Gonzague de Mantoue à partir du traité du Cateau-Cambrésis en 1559, jusqu’en 1681 où la ville est vendue au roi de France et en 1713 elle passe à la Maison de Savoie. C’est un territoire disputé et militarisé mais c’est le cas de toute l’Italie.
105. Famille non identifiée. Casal-Monferrat est à une cinquantaone de kilomètres au nord de Tortone.
106. Le nom italien doit être Giovanni Battista Volfius mais nous n’avons trouvé aucune piste à Mantova.
107.Sic. Le service militaire tel qu’il est évoqué ici, ressemble fort à une recherche de picorées et de bonne fortune, ce qui suppose d’entreprendre plutôt chez l’ennemi que dans le pays que l’on sert.
108. C’est ici qu’est éclairci le nom de lieu mal écrit dans le procès d’Horace Sermelle.
109. Nancy, Lunéville, Raon-l’Etape et Plainfaing et le Bonhomme : c’est la route, droit en direction du sud-est.
110. Il manque un verbe dans la phrase : « ayant ainsi raconté, déposé, avoué... »
111. Regarder, s’étonner, considérer avec étonnement. Le « aucunement » n’étant pas privatif en ancien français, la phrase se comprend à l’envers de ce que l’on entend aujourd’hui. Tout son récit a bel et bien suscité l’étonnement et l’attention des gens de justice.
112.Sic. Il est rare que l’on dispose d’heures aussi précises. Ici, l’importance de l’interrogatoire n’empêche pas les gens de justice de s’arrêter sur le coup de midi, de bien déjeuner sans doute, et se remettre au « besongné » seulement vers les trois heures.
113. D’où l’on déduit que le contenu du procès d’Horace Sermelle a été plus ou moins communiqué aux officiers de Saint-Dié. Il arrive que d’une juridiction à l’autre circulent des copies d’actes ou que des informations soient connues, par lettres ou en se rencontrant et en parlant, ce qui oriente les questions. C’est notamment le cas dans les procès faits à des voleurs où les officiers de justice obsédés par la crainte des bandes organisées et par l’accumulation supposée des crimes, essaient d’établir qui est en relation avec qui et qui a fait quoi.
114. L’écu d’or au soleil est une pièce française. Le plus proche de 1597 est l’écu au soleil de Charles IX frappé à partir de 1562. L’écu d’or d’Henri III, roi en 1574, est frappé à partir de 1577 et ne porte pas de soleil.
115.Sic. L’apparition du serviteur du religieux dans le récit, n’a de sens qu’avec les explications données par Horcae Semelle dans son propre procès. Elle n’en a aucun ci-dessus.
116. Soit l’Italien Guillelm Volphus n’a pas compris ce qui lui a été dit pour attirer son attention sur le cortège soit le mari s’adressait à sa femme et non à lui.
117. Jarville-la-Malgrange est sur la route entre Saint-Nicolas-de-Port et Nancy.
118. Edifice qui commémore la bataille de Nancy de 1477, où le duc René II de Lorraine et ses alliés ont écrasé l’armée de Charles le Téméraire, qui y a trouvé la mort. La chapelle a été édifiée en 1484 sous le vocable de Notre-Dame-de-Bonsecours mais elle est surnommée « chapelle des Bourguignons ».
119. On penserait que cette conversation n’a pu se tenir qu’en Italien mais il y a d’autres moments où Guillelm Volphus a pu s’entendre avec des Lorrains.
120. M. de Château-Bréhain.
121. En Alsace.
122. L’officier militaire en charge de l’ordre et de la justice dans le camp et plus généralement dans un régiment ou une armée.
123. Type de pièces frappées à Milan à partir de 1551 puis dans plusieusr États italiens.
124. A noter que cette procédure ne comprend pas d’information puisque les témoins possibles ont déjà été entendus pour le procès précédent et les gens de justice n’ont pas estimé avoir besoin de davantage. Ils ont donc ignoré la suggestion de Volphus « se remettant à l’information [...] que l’on en pouroit faire » pour prouver qu’il n’avait commis d’autre crime. Il est vrai que cet assassinat est déjà bien suffisant pour le condamner. Il n’y a pas non plus de second interrogatoire sous la torture. Là aussi, tout ce qu’il a avoué de mal, est déjà bien suffisant. Il aurait cependant fallu pousser l’enquête pour éclaircir les zones d’ombres.
125. Rappelons qu’il s’agit du prévôt ducal à Saint-Dié. La signature Demenge n’est pas la même que sur la levée de cadavre et l’information du 2 mai. Le troisième est le clerc-juré.
126. Le substitut du procureur général qui statue pour Saint-Dié signe Barrois et se trouve à Nancy. De même que pour la sentence ci-après, les décisions pour Saint-Dié sont prises de loin au nom du duc.
127. Traîtreusement, en traître.
128. Confusion probable avec « confiance ». Ces documents sont écrits sous la dictée.
129. La manière plus ordinaire d’exécuter par la roue consiste à briser un seul membre, étrangler le condamné et finir le travail sur un cadavre. Le procureur de Saint-Dié requiert pour Guillelm Volphus la même peine aggravée que pour Horace Semelle.
130. A priori cet acte n’est pas un jugement mais un « avis ». On peut voir la différence de formulation en revenant au procès fait à Horace Semelle par les échevins de Nancy à Nancy, où « pour réparation dequoy avons condamné et condamnons ledit Horace Sermelle » alors que pour Volphus ils ont écrit « pour réparation dequoy il y a matière de le condamner » ce qui ressemble aux « avis » donnés à d’autres juridictions subalternes et ce qui remettrait le jugement aux officiers de Saint-Dié. C’est pourtant bien de la sentence qu’il s’agit. Voir le texte de présentation.
131. Il s’agit de Nicolas Bourgeois, échevin puis maître échevin. Àne pas confondre avec son fils qui est l’auteur de la Practicque civile et criminelle pour les justices inferieures du duché de Lorraine conformement a celle des sieges ordinaires de Nancy par Nicolas Bourgeois, à Nancy, chez Jacob Garnich, 1614. Claude devient échevin de Nancy avec son père puis maître-échevin à sa suite en 1603 (où le principe en est acté) et 1613.
132. Chrétien Philbert.
133. Nicolas Habillon.
134. Extrait du rôle soumis par le receveur à la chambre des Comptes, chapitre des « Exécutions criminelles ».
135. Il y a une confusion dans les dates : c’est le 3 juin que la demande de transfert a été faite mais au début de l’interrogatoire du 21 il est dit « Guillerme Volphus amené en ce lieu mercredy dernier par des soldats de monsieur de Haraucourt gouverneur de Bennefeld » ce qui induit une livraison entre le 13 juin et le 20. Les articles sont rédigés une fois l’année terminée pour être présentés à la chambre des Comptes.
136. Il n’est pas clair s’il y a abréviation ou non, ce qui donnerait « Wolp[hu]s » ou seulement « Wolps » ce qui n’est pas impossible, vu que dans le procès verbal d’exécution il est écrit « Wolff ».
137. On relève 12 deniers par jour ou un gros pour d’autres prisonniers. Guillelm Volphus a donc coûté trois fois plus cher qu’un prisonnier du commun. Un gros est aussi le tarif qui a été appliqué à Nancy pour chaque journée d’Horace Semelle.

 Citer cette page

Antoine Follain et alii (éd.), « edition », dans Sources autour de l’assassinat dans les Vosges en 1597 d’un religieux italien à l’identité incertaine – crime crapuleux perpétré par des mercenaires italiens ou crime commis par des hommes de main manipulés par un tiers ? (Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 7319, B 7320 et B 8680), ARCHE UR3400 (Université de Strasbourg) (« TJEM. Textes judiciaires de l'époque Moderne »), 2022, en ligne : <http://num-arche.unistra.fr/tjem/cardona.xml/edition>. DOI de l'édition complète : <https://doi.org/10.34931/7k4k-ma30> (consulté le 16-04-2024).