Registre des jugements du bailliage de Gray de 1738 à 1751
(Archives départementales de la Haute-Saône, B 1318)



Jugement préparatoire rendu au présidial contre Charle François Seguin d’Aubigney371, Cl[aude] André Tournu, Jeanne Marie Petitpain et J[ean] Cl[aude] Tournu leur fils le 20 février 1750.

Veu le procès verbal de capture dressé par le cavalier de maréchaussée Depilier de la personne de Charle F[ran]çois Seguin du lieu d’Aubigney du 12 du courrant372. Le tout veu et considéré et ouï sur ce le rapport du s[ieu]r F[ran]çois Alexandre Crétin co[nseill]er commissaire rapporteur, nous, par jugement dernier avant faire droit et prononcer sur lad[ite] compétence ordonnons qu’à la diligence du pro[cureu]r du Roy et par devant led[it] s[ieu]r Crétin rapporteur que nous établissons à cet effet commissaire, reconnoissance sera faite par experts et gens à ce connoisseurs de la bonté ou mauvais aloy et fabrication des 8 pièces de 12 sols déposées en nôtre greffe et jointes à la procédure. Sçavoir : l’une cassée un peu entamée de 2 coups de couteau n’ayant point de milliaire373 pour être effacé et ne l’ayant pu reconnoitre marquée laditte pièce d’un double A, un’autre marquée d’un A sous l’écu dont le milliaire est indéchifrable pour être également effacé, un’autre marquée d’un double B fabriquée en 1726, un’autre marquée de la lettre D dont le milliaire est de 1746, un’autre marquée de 2 C renversés fabriquée et au milliaire de 1729, un’autre marquée de la lettre …374 dont le milliaire paroit effacé et ne peut se lire, un’autre enfin à laquelle on ne peut distinguer ny lettre de mounoye ny milliaire375. De tout quoy sera adressé par led[it] commissaire procès verbal et iceluy rapporté être par nous ordonné ce que de raison, ce qui sera exécuté nonobstant ny opp[osit]ion ny appella[ti]on quelconque et sans y avoir égard, mandant, etc. Fait et jugé en la chambre du conseil du p[rési]dial de lad[it]e ville le 20 février 1750 par nous J[ean] F[ran]çois Mugnier s[ei]gn[eu]r d’Ancier p[ré]s[i]dent premier, J[ean] F[ran]çois Gabriel Sauberert écuyer s[ei]gn[eu]r d’Autet l[ieu]t[e]nant g[é]n[ér]al, Pierre Jos[eph] Prévost l[ieu]t[e]nant part[iculier], et de Ch[arles] Richardot l[ieu]t[e]nant assesseur c[rimi]nel, Ferd[inand] Savary, J[ean] Cl[au]de Billardet, J[ean] Bapt[iste] Regnaud, Étienne Pautenet s[ei]gn[eu]r de Vereux, F[ran]çois Alex[andre] Crétin et Cl[au]de F[ran]çois Poncelin co[nseill]ers aud[it] siège, les autres officiers absents. Et ont tous signé à la minute.

371.

Aujourd’hui Broye-Aubigney-Montseugny : Haute-Saône, ar. Vesoul, c. Marnay.

372.

Il n’est pas étonnant que la maréchaussée saisisse et que le présidial juge dans cette affaire, car c’est leur rôle. Un appel pourrait cependant être formulé auprès de la Cour des monnaies, à Paris et Lyon à cette époque. La maréchaussée touchait l’équivalent de la moitié des sommes saisies en bonne monnaie, d’où leur zèle en cette matière.

373.

Milliaire est un mot improprement utilisé pour désigner le millésime, c’est-à-dire l’année de fabrication.

374.

Ici le greffier a dessiné ce qu’il a vu sur la pièce.

375.

Il était interdit de laisser en circulation des espèces trop abîmées : un côté au moins devait permettre de rendre la pièce identifiable. Il ne s’agirait pas ici de faux-monnayage mais plutôt de « billonnage », trafic illégal des monnaies en jouant sur les monnaies défectueuses et les bonnes ou en refondant les monnaies d’or ou d’argent.


 Citer cette page

Antoine Follain et alii (éd.), Registre des jugements du bailliage de Gray de 1738 à 1751 (Archives départementales de la Haute-Saône, B 1318), ARCHE UR3400 (Université de Strasbourg) (« TJEM. Textes judiciaires de l'époque Moderne »), 2020, #adhs_b_1318.sentence.137, en ligne : <http://num-arche.unistra.fr/tjem/adhs_b_1318.xml/adhs_b_1318.sentence.137>. DOI de l'édition complète : <https://doi.org/10.34931/xzvr-fq43> (consulté le 20-04-2024).