Présentation
L’édition de sources est l’une des plus importantes activités des historiens. Avec modestie, il faut même reconnaître qu’elle est la plus durable. Aucun de nos livres, aucun de mes propres livres dont le premier est paru en 20001, n’a plus d’intérêt après un certain temps sauf à devenir lui-même un objet d’histoire, basculer dans l’historiographie et constituer un jalon dans l’histoire de l’histoire.
C’est par exemple le cas des « Études sur la criminalité en Lorraine d’après les lettres de rémission (1473-1737) » publiées en 1901-19022 car les articles de Godin de Souhesmes ont été inspirés par un dixième du corpus lorrain trié avec de gros a priori et ils renseignent surtout aujourd’hui sur l’état d’esprit de l’auteur, « antiquaire » et vice-président de la Société d’archéologie Lorraine, ainsi que plus largement sur l’état des sciences historiques à la fin du XIXe siècle. Tout au contraire, une bonne édition de sources, complète et respectueuse, est un monument pérenne. Elle fournit des textes inaccessibles avant leur édition, incompréhensibles pour la plupart des gens et désormais utilisables par tous les lecteurs français et étrangers qui peuvent les regarder sous cent angles différents.
Le travail d’éditeur scientifique de sources est la part la plus exigeante de notre travail d’historien parce que la plus austère et celle qui demande le plus d’expérience dans la lecture des textes anciens. La part la plus généreuse, aussi, puisque l’éditeur scientifique sauve, traduit et diffuse des textes et travaille finalement pour les autres en mettant à la disposition de ses pairs et du public le résultat de son propre travail.
Toutes les publications dans TJEM sont des entreprises collectives qui témoignent d’un travail d’équipe avec des collègues et avec des étudiants.
Antoine Follain